Mount Pleasant : Pas dans ma cour
Cinéma

Mount Pleasant : Pas dans ma cour

Dans Mount Pleasant, de Ross Weber, une seringue contaminée sème l’émoi dans une banlieue de Vancouver.

Bon nombre de réalisateurs canadiens envient les réalisateurs québécois en raison de la popularité de notre cinéma. De fait, dans le ROC, c’est le cinéma américain qui l’emporte haut la main. Impossible d’imaginer avant longtemps un succès fracassant à la Porky’s, dont le record d’entrées a été pulvérisé après 25 ans par Bon Cop, Bad Cop. Peu d’entre eux arrivent cependant à expliquer ce manque d’intérêt chronique des Canadiens envers leur cinématographie.

Tentons une explication: hormis les Cronenberg, Egoyan et Fitzgerald, le cinéma canadien semble souffrir d’un cruel manque d’ambition cinématographique. Sondez votre entourage, l’on vous répondra que ce cinéma n’offre que des téléfilms gris, mornes, déprimants… Gloomy, comme le résument si bien les cinéastes concernés, sans pouvoir dire pourquoi il en est ainsi.

Campé dans un quartier de Vancouver, Mount Pleasant de Ross Weber (No More Monkeys Jumpin’ on the Bed) n’échappe pas à la comparaison avec sa réalisation sage, voire très modeste, et ses acteurs sobres (la plupart vedettes du petit écran). Si la mise en scène n’en met pas plein les yeux, le scénario de Weber ne manque certes pas d’ambition.

À partir de la découverte d’une seringue contaminée par une fillette, Weber démontre l’émoi que cela provoque chez trois couples issus de classes sociales bien différentes, d’abord chez Doug et Sarah (Benjamin Ratner et Camille Sullivan), parents de la petite et nouveaux propriétaires d’une modeste demeure, puis chez Anne et Stephen (Kelly Rowan et Shawn Doyle), couple bourgeois dont le mari s’intéresse davantage à Nadia (Katie Boland), prostituée mineure travaillant pour son petit ami junkie (Tygh Runyan), qu’à sa propre fille en pleine crise d’adolescence (Genevieve Buechner).

Dépeignant avec sensibilité les contradictions de ses personnages – certains paraissent plus intéressés à se débarrasser des délinquants plutôt qu’à réellement les aider à s’en sortir, alors que d’autres ne semblent vouloir le faire uniquement pour se donner bonne conscience ou briller en société -, Ross Weber livre un constat plutôt pessimiste quant à l’avenir des jeunes marginaux et laissés-pour-compte. Pas de happy ending en vue, à l’exception du sourire timide d’une jeune fille sur le point de s’émanciper. À l’heure du procès de Pickton, accusé des meurtres de 26 prostituées de Vancouver, personne ne pourrait le blâmer d’avoir opté pour une fin plutôt noire.

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