Gus Van Sant : Gus, jusqu'ici
Cinéma

Gus Van Sant : Gus, jusqu’ici

Le cas Gus Van Sant est l’objet d’une rétrospective à la Cinémathèque. Une occasion de faire le point sur une oeuvre déjà riche, encore en construction.

Un peu plus de 20 ans de carrière. Quelques essais "de jeunesse" plébiscités en haut lieu (Drugstore Cowboy, My Own Private Idaho); deux ou trois films commerciaux reçus avec des fleurs… ou avec le pot (Good Will Hunting, Finding Forrester…); une palme dorée bien méritée (Elephant). Palmarès éclaté, bigarré et fascinant que celui de Gus Van Sant, également musico et écrivain – mais ça, c’est une autre histoire…

On pourra revoir tout ce que l’on connaît déjà en fait de longs dans le cadre de ce cycle. Les films de Van Sant, même si on n’en trouve pas des tonnes de copies, sont assez largement diffusés.

Cela dit, une rareté figure bien au programme: filmé en noir et blanc, Mala Noche (1985), première réalisation du Gus – si l’on fait exception du court The Discipline of D.E. -, s’inspire d’une novella de Walt Curtis. On y retrouve certaines préoccupations exploitées plus tard, notamment dans Drugstore Cowboy (1989) et My Own Private Idaho (1991): photographier les verrues d’une Amérique marginale; donner une voix aux beautiful losers

On sera aussi curieux de jeter un coup d’oeil à Elephant, d’Alan Clarke, court métrage de 1989 dont Van Sant a affirmé s’être inspiré au moment de tourner son propre titre pachydermique. Les deux films feront l’objet d’un seul et même programme.

DU FRONT TOUT LE TOUR DE LA TÊTE

Aux épithètes "éclaté", "bigarré" et "fascinant" énumérées plus tôt, il aurait fallu ajouter "culotté". Gus Van Sant a mis ses couilles sur la table plus souvent qu’à son tour, ces dernières années.

Au sujet de l’étrange projet Psycho (1998), qui reprend, plan par plan et en couleur, le film d’Alfred Hitchcock, le réalisateur s’explique laconiquement: "Pourquoi se frotter à un tel projet? Pour que personne d’autre n’ait à le faire."

Plus récemment, l’audacieux et intrigant Gerry (2002), qui trouve certains de ses repères chez le Hongrois Béla Tarr (Satantango, Les Harmonies de Werckmeister…), imposait une vision poétique abstraite et exigeante. Réception polarisée, ce qui est bon signe.

Même accueil pour Last Days, évocation hallucinée du destin tragique de Kurt Cobain, qui a tenu l’affiche le temps d’une chanson, en 2005. Fascinant OVNI…

Et c’est là qu’on est rendus. La suite, Paranoid Park, est déjà en chantier.

Du 31 janvier au 14 février à la Cinémathèque
www.cinematheque.qc.ca