À force de rêves : Vive la vieillesse!
Cinéma

À force de rêves : Vive la vieillesse!

À force de rêves, de Serge Giguère, dresse un portrait de la vieillesse aucunement misérabiliste.

Serge Giguère a eu l’oeil pour trouver des personnalités fortes, qui non seulement assument leur âge, mais donnent le goût de vieillir. À une condition: avoir leur passion.

Sans rien renverser, moins en tout cas que le chef-d’oeuvre de Giguère (Le Roi du drum, 1992), À force de rêves brise néanmoins certaines conventions. Il brouille les histoires, se libère des sous-titres pouvant identifier gens et lieux. À quoi bon? Que l’on se trouve dans un village ou dans un couvent québécois, la vieillesse, elle, reste universelle.

Les images et l’intelligence du scénario parlent davantage. Le petit orchestre que l’on voit régulièrement pratiquer dans un gymnase ne fait pas qu’imposer rythme et couleurs, il montre le troisième âge comme une collectivité vivante et soudée, où chacun a un rôle.

Il y a des scènes magnifiques, simples et expressives. Gérard Allaire, bûcheron de métier, scie devant sa baraque, à moitié détruite, au son de la voix d’une prof de chant. Tout est là: la nostalgie, les effets pervers du temps et la volonté de continuer, malgré tout.

Sans violons ni sentimentalisme, le film se construit tout de même de manière à ce que le ton monte, la mort, ou la fin du confort, étant inévitable. Mais le sourire, la passion, eux, demeurent.

Passionnés, ils et elles le sont. Pour le chant, les avions, la peinture… Ancien métier ou simple hobby, cette occupation reste, à 72, 75, 80 ou 91 ans, la raison de vivre. On suit cinq cas, mais plusieurs autres s’y greffent. Inventifs et autodidactes, ils forment un groupe… subversif.

À force de rêves fait partie de ces documentaires qui célèbrent d’autres modes de vie que ceux voués à la productivité, à l’argent, au matérialisme. Comme les films que Jean-Henri Meunier a tournés à Najac, Roger Toupin, épicier variétés ou L’Immortalité en fin de compte.

Marc-André Péloquin, lui, ne croit pas à l’immortalité. Il accepte que demain tout puisse se terminer. C’est ce qui fait plaisir à entendre. "M’asseoir pour attendre la mort? Non, non, non.", dit ce fou de modèles réduits qu’il fabrique et fait voler. "Ils vont me trouver à terre dans un champ." Actif. Belle leçon.

À voir si vous aimez
La Vie comme elle va de Jean-Henri Meunier
L’Immortalité en fin de compte de Pascale Ferland
Roger Toupin, épicier variétés de Benoît Pilon