Animal : La belle bête
Animal, de Roselyne Bosch, tente de remonter aux sources de la violence.
Depuis longtemps, la délimitation entre l’inné et l’acquis cause de houleux débats dans la communauté académique. D’une part, les partisans de Freud estiment que la personnalité et les troubles qui s’y rattachent se forment à l’enfance, durant le développement psychosexuel de l’individu. À l’opposé, certains biologistes croient plutôt que ce sont les gènes qui dictent le comportement humain, comme c’est le cas chez les bêtes. Cette question complexe et fascinante se retrouve au centre d’Animal, film de science-fiction intellectuellement ambitieux mais dont l’exécution n’atteint pas le plein potentiel des idées avancées.
Le récit se déroule dans un avenir rapproché ("Peut-être demain", nous suggère-t-on énigmatiquement à l’écran), dans un pays non spécifié d’Europe. Thomas Nielsen (le Suédois Andreas Wilson), jeune docteur en génétique moléculaire, effectue des recherches afin de localiser la source moléculaire de la violence et de la détruire. Expérimentant d’abord sur des pit-bulls et des loups, le chercheur entreprend ensuite de s’attaquer à l’homme, la créature la plus cruelle de la création. Son cobaye est Vincent Iparrak (le Portugais Diogo Infante), dit le "Hunter", tueur en série glacialement lucide qui, croit Nielsen, a littéralement le meurtre dans le sang.
Initialement foncièrement cérébral, avec une succession d’explications scientifiques et philosophiques qui auraient eu avantage à être moins didactiques, le film gagne en teneur dramatique avec l’arrivée d’Iparrak. Bien qu’il apparaisse d’abord comme un vilain de pacotille clairement calqué sur Hannibal Lecter, le personnage dévoile des nuances lorsqu’on lui injecte le sérum censé éradiquer l’instinct prédateur. Concurremment, Nielsen, timide de nature, tente l’expérience contraire sur lui-même et découvre que l’agressivité peut avoir ses avantages…
Afin d’atteindre l’effet miroir recherché, le scénario de Roselyne Bosch prend plusieurs raccourcis narratifs douteux. De surcroît, la psychologie des personnages est quelque peu simpliste, particulièrement dans le cas de celui incarné par Andreas Wilson. Ce dernier semble d’ailleurs avoir été choisi davantage pour son faciès ciselé que pour ses talents d’acteur, limités au demeurant. La réalisation de Bosch s’avère efficace, quoique son style soit peut-être trop consciemment épuré; on aurait aimé voir plus de cette inventivité que laisse présager l’hallucinante séquence de la fête foraine. Malheureusement, Animal n’atteint jamais à nouveau la force de cette scène et l’épilogue, éparpillé au possible, souligne encore plus le potentiel galvaudé du film.
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