La Dignité du peuple : L'espoir de la solidarité
Cinéma

La Dignité du peuple : L’espoir de la solidarité

La Dignité du peuple (La Dignidad de los nadies), de Fernando Solanas, trace un portrait d’une Argentine en déroute qui donne néanmoins espoir.

Enfants sans repas, hommes sans travail, fermiers sans terres, hôpitaux sans médicaments. Les victimes sont de tous ordres dans cette Argentine corrompue et soumise aux multinationales et banques du monde. Leur salut passe par l’entraide et la révolte collective. Facile à dire? Pourtant, ça marche.

Ce n’est pas la première fois que Fernando Solanas, poète du cinéma argentin (Le Sud, Le Nuage), s’attaque au pouvoir et prône la résistance. Déjà en 1972, L’Heure des brasiers faisait de lui un acerbe adversaire de l’État.

Deuxième documentaire, après Mémoire d’un saccage (2004), d’une trilogie consacrée à la crise économique qui secoua l’Argentine en 2001, La Dignité du peuple est né de milliers d’heures de tournage. Solanas a filmé la rue, accompagné les masses, il montre leur hargne. Sa faiblesse: la redite. Va pour l’urgence de dénoncer et dénoncer le néolibéralisme. Sauf qu’avec tous ces documentaristes préoccupés par le cas de l’Argentine (comme Avi Lewis avec The Take), La Dignité du peuple laisse une impression de déjà-vu.

Heureusement, le cinéma de Solanas est bourré de figures de style, sa voix grave donne de l’autorité à la narration, sa présence derrière la caméra rend le tout très humain. Redite? Peu importe, puisque cette trilogie est une accumulation sans fin de chapitres.

Ici, ces chapitres donnent une voix aux démunis, aux sans-nom, à ceux qui se battent pour leur dignité et celle de leur pays, les "riens" (nadies) du titre – le "peuple" en français. Ces "riens" désignent une misère généralisée, laquelle inclut autant la famille vivant dans un taudis que les producteurs dépossédés de leurs terres.

Le film gagnerait sûrement à être resserré. Solanas a tenu, visiblement, à montrer la diversité de la problématique. Et des solutions. Autant d’Argentins, autant de voies, se dit-on. Chaque cas est un modèle de persévérance, de confiance, d’humanité. Le curé qui défroque pour l’engagement social, les ouvriers qui relancent des usines abandonnées, le prof qui organise une cuisine communautaire, etc.

L’une de ces histoires suffirait pour un long métrage, comme ces femmes d’un certain âge chantant l’hymne national, afin d’empêcher la vente à l’encan d’une de leurs propriétés, et qui symbolisent, mieux que quiconque, la victoire de la solidarité sur le capital.

À voir si vous aimez
Mémoire d’un saccage de Fernando Solanas
The Take d’Avi Lewis