FIFEM/Azur et Asmar : L'enfance de l'art
Cinéma

FIFEM/Azur et Asmar : L’enfance de l’art

Le FIFEM s’ouvrira avec Azur et Asmar de Michel Ocelot. Plongée dans le grand monde de la petite enfance avec le créateur du célèbre Kirikou.

Oubliez les films pour enfants classiques et cent fois déjà vus. La sélection du Festival international des films pour enfants de Montréal (FIFEM) ne lésine ni sur l’audace ni sur la créativité. En compétition officielle, les spectateurs auront la possibilité de voir 11 longs métrages issus du monde entier, notamment le touchant Rouge comme le ciel de l’Italien Cristiano Bortone. Pour ce qui est de la catégorie "coups de coeur", elle sera composée de films récompensés lors de ces 10 dernières années, dont le plutôt osé (pour un film "dès sept ans"…) Miracle de la réalisatrice danoise Natasha Arthy.

L’un des clous de l’événement demeure néanmoins Azur et Asmar, dernier-né de Michel Ocelot, père artistique du petit Kirikou, qui relate l’histoire de deux garçons (le blond Azur et le brun Asmar) élevés par la même femme et qui des années après avoir été brutalement séparés, se retrouvent de nouveau réunis dans une aventure incroyable.

Ainsi, après l’Afrique noire, Ocelot entraîne son public vers un monde onirique, doté d’une atmosphère des Mille et une nuits, troquant les sorcières pour des fées, la savane pour les souks et les animaux exotiques pour de superbes chevaux racés. "C’est un conte de fées du Moyen Âge, explique le créateur d’une voix posée lorsqu’on le joint à Paris par téléphone. J’ai voulu traiter du sujet de l’immigration et de la guerre, et montrer qu’il est possible de s’entendre."

Bien que s’étant fortement inspiré de la situation française actuelle et du conflit qui divise souvent européens et arabes, Ocelot atteste que son récit prend une parure universelle, l’immigration étant un sujet qui touche les pays du monde entier. C’est d’ailleurs dans cette optique que l’artiste s’est permis d’insérer dans son film de longues séquences de dialogues en arabe classique, en berbère et même en hébreu… sans les sous-titrer! "Ah, ça! C’est ce que j’appelle une insolente élégance, s’exclame-t-il en riant. Mais l’image est bien plus belle sans sous-titres. Et de toute façon, le sujet principal, c’est l’immigré. Et le lot de l’immigré, c’est de ne pas comprendre."

Il n’y a pas à dire, chez Ocelot, on est bien loin des films d’animation bébêtes, avec petits animaux niais et personnages intellectuellement limités. Et c’est peut-être là que réside le secret de ce succès: "Je parle absolument de tout. Les personnes jeunes ont un cerveau qui fonctionne très bien! Tout va plus vite avec les enfants. Ce sont les adultes qui perdent du temps à tout analyser! Ce que je remarque avec les enfants, c’est que cela ne les dérange pas de ne pas tout comprendre, car le métier d’un enfant, c’est d’assimiler des choses tous les jours. C’est pour cela que ça ne me servirait à rien de faire des films trop faciles: il faut leur donner des choses nouvelles afin qu’ils les enregistrent, les emmagasinent et les comprennent, un jour ou l’autre…"

Du 3 au 11 mars au Cinéma Beaubien
www.fifem.com