Festival international du film sur l’art : Des yeux tout le tour de la tête
C’est le 25e Festival international du film sur l’art. Panorama du plus important événement au monde dans ce domaine.
En 1983, dans une salle au sous-sol de l’ancienne Cinémathèque québécoise, alors situé dans la Bibliothèque nationale, rue Saint-Denis, le FIFA démarrait ses activités avec 50 films présentés en 5 jours. Cette année, ce seront près de 300 films dans 8 salles qui seront de la fête, et ce, durant 10 jours. Le budget a atteint 1,5 million $ (dont plus des 4/5 proviennent d’échanges de services et de commandites) et le FIFA est devenu le plus grand festival des films sur l’art au monde!
Comme le fait remarquer son directeur, René Rozon, en 24 ans, le public s’est un peu modifié. Il est passé "d’un auditoire plus ciblé à un public plus large". Pour aller chercher cette assistance plus importante, se sont ajoutés des films avec "des noms qui accrochent un plus grand public". Cette année, "on pourra par exemple noter la présence de films sur Frank Sinatra et Marilyn Monroe". D’autres changements plus remarquables se sont aussi produits. Par exemple, le FIFA compte, depuis 2001, une importante section de vidéos d’art. Encore cette année, ils seront en partie sélectionnés par la renommée commissaire Nicole Gingras. Vous pourrez entre autres y visionner une sélection d’oeuvres de Nam June Paik (inventeur et pionnier de l’art vidéo, mort en janvier 2006). De plus, cette année, nous aurons droit à un colloque réfléchissant au concept même du film sur l’art (le 17 mars, à la Grande Bibliothèque de Montréal). On y parlera entre autres de la série Arena qui, depuis 30 ans, défend au sein de la BBC ce type de production. www.artfifa.com (N. Mavrikakis)
AU-DELÀ DE LA RAMPE, VERS UN NOUVEL ART DRAMATIQUE
À la fin du 19e siècle, en Europe, tandis que les peintres impressionnistes révolutionnaient les arts visuels, le théâtre connaissait un renouveau majeur alors que les metteurs en scène André Antoine, Paul Fort, Alfred Jarry et Craig inventaient la scénographie moderne. Ce documentaire de Véronique Patte Doumbé, ponctué d’intéressantes entrevues avec les metteurs en scène contemporains Denis Marleau, Stuart Seide et le scénographe français Daniel Janneteau, revient sur l’histoire du théâtre, des salles à l’italienne rouge et or, miroirs mondains où l’on se rendait pour voir et être vu et où les acteurs séparés du public par les "feux de la rampe" et la fausse d’orchestre jouaient sur le devant de la scène dans un décor de carton-pâte, à l’invention des salles modernes plongées dans le noir pendant toute la représentation et du quatrième mur fictif, jusqu’à la mise en scène symboliste où les scénographes se font "sculpteurs d’air et de lumière" pour servir la vision des dramaturges. Le 15 mars. (M. Singer)
LE DORTOIR
Prix de la meilleure adaptation en 1991, ce film en noir et blanc a très bien supporté le passage du temps. Réalisé par le cinéaste François Girard, il raconte en 55 minutes l’histoire d’un homme en crise réconforté par ses souvenirs, témoignant de l’univers particulier de la défunte troupe de théâtre Carbone 14, grande pionnière de la multidisciplinarité. Aux côtés de Danielle Tardif, qui signe la chorégraphie, on retrouve le metteur en scène Gilles Maheu, coscénariste du film, et des figures familières telles que Nathalie Claude, Lin Snelling, Guylaine Savoie et Alain Francoeur. La caméra est sensible, subtile et ingénieuse, révélant le plein pouvoir évocateur d’une danse agrémentée d’un jeu d’acteur utilisé avec parcimonie. Une critique sociale qui nous offre un regard intéressant sur notre patrimoine culturel. Le 14 mars. (F. Cabado)
LE BLUES DE L’ORIENT
C’est grand, l’Orient, mais que l’on soit en Égypte, en Israël ou au Liban, souvent, les musiques locales se ressemblent, parce que leurs racines sont les mêmes. La réalisatrice Florence Strauss, dont le grand-père a quitté l’Égypte pour Paris dans les années 50, part à la recherche de ces racines communes. Elle en trouvera des bouts jusqu’à Tel-Aviv, chez quelques vieux Irakiens devenus Israéliens, mais tout de même gardiens de la tradition, ou chez Iman, une chanteuse juive qui chante en arabe. Il y a beaucoup de musique dans ce film, et même un petit cours sur le quart de ton si spécifique de la musique arabe. Il est dans le coeur, plutôt que dans la technique. Les 13 et 18 mars. (R. Beaucage)
LA DEUXIÈME VIE DE KIESLOWSKI
Le début de Still Alive – A Film About Kieslowski s’avère un peu trop confus pour que l’on puisse, d’emblée, être séduit. Les nombreux intervenants, la langue (polonais) et la densité d’information demandent un certain temps afin d’apprivoiser ce portrait de l’iconoclaste cinéaste, mort en 1996. Au final, il finit par se révéler sensé et sensible. Touchant. Collaborateurs, acteurs, disciples témoignent dans cette sorte de mise à jour. L’auteur du Décalogue et de Bleu, Blanc et Rouge, connu en Occident (uniquement?) pour ses fictions, a un riche passé de documentariste. Réalisé par une compatriote, Maria Zmarz-Koczanowicz, ce film, malgré ses défauts et sa longueur, vaut d’abord et avant tout pour cette plongée polonaise. C’est comme si le monde découvrait que Denys Arcand a existé avant le Déclin. Les 10 et 15 mars. (J. Delgado)
CAR-MEN
Le chorégraphe hollandais Jirí Kylián nous avait enchantés l’an dernier avec Birth-Day; il revient cette année avec une oeuvre d’un tout autre genre pour les danseurs seniors du Nederlands Dans Theater III. Après Mozart, il s’attaque à Bizet avec une adaptation des plus libres de son célèbre Carmen. Choisissant pour décor une sorte de "cour à scrap" dans le paysage désertique d’une mine de la République tchèque, son pays d’origine, il met en scène quatre personnages filmés par Boris Paval Conen. Le montage en accéléré accentue l’effet tragicomique et rappelle d’autant plus le cinéma de Charlot que l’image est en noir et blanc. Et si l’on est fasciné par la performance des interprètes et la dimension surréaliste du scénario, son caractère échevelé nous laisse cependant un peu sur notre faim. Les 10 et 16 mars. (F. Cabado)
INHABITED PAINTING ET YVES KLEIN, LA RÉVOLUTION BLEUE
Programme double inégal. En première partie, vous verrez un survol du travail de l’artiste Helena Almeida. Même si elle est une des plus reconnues de l’art contemporain du Portugal (elle représentait son pays à la Biennale de Venise en 2005), ce film lent est très ennuyeux, car il laisse trop souvent le spectateur devant des images sans commentaires, abandonné à lui-même. Heureusement, à la suite de cela, vous pourrez savourer un excellent film sur Yves Klein, un des pères de l’art conceptuel et des performances. Dans La Révolution bleue est tracée, avec bon nombre de documents pertinents, la fulgurante carrière de cet artiste français mort trop jeune, à 34 ans. Les 9 et 17 mars. (N. Mavrikakis)
L’AURA STONE
Entre bijoux formels et sujets originaux, le FIFA présente chaque année un noyau dur de choses ordinaires, des documents difficiles à désigner comme films. Produit télé, réalisation conservatrice, sujet vendeur, ton léché, ils n’ont rien d’artistiquement valable. Ainsi ce Oliver Stone: un rebelle à Hollywood, bio dans le style des musicographies de Musique Plus, alternant entrevues et extraits de films. Chronologiquement. Avec l’accent sur son dernier, World Trade Center. Stone, lui, semble blasé, même dans sa critique des États-Unis, comparant la guerre au terrorisme à celle menée à la pauvreté (!). C’est mielleux ("il est le plus fort", "quelqu’un de merveilleux") et correspond peu au côté rebelle annoncé, excepté pour les scènes de ses films peu connus sur Castro et Arafat. Les 11 et 16 mars. (J. Delgado)
KLIMT OU LE TESTAMENT D’ADÈLE
Vous en avez entendu parler: le 19 juin 2006, le tableau de Gustav Klimt représentant Adèle Bloch-Bauer a été vendu pour la coquette somme de 135 millions de dollars américains au magnat des cosmétiques Ronald Lauder. Il devenait le tableau le plus cher du monde. Ce que vous ne connaissez peut-être pas, c’est la saga qui précéda cette vente et qui concerne la restitution de ce tableau par les autorités autrichiennes aux descendants de la famille Bloch-Bauer, qui fut spoliée de ses biens par les nazis. Bien que d’autres rebondissements soient survenus depuis que Michel Vuillermet a réalisé ce film (en 2005), voilà un documentaire qui permettra d’en apprendre plus sur cette importante pièce du patrimoine autrichien qui, pendant près de 70 ans, orna le Musée du Belvédère à Vienne. Ce film a reçu un bel accueil en France lors de sa présentation à la télé il y a un an. Les 10 et 14 mars.
Du 8 au 18 mars
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