Le Zodiaque : Chroniques de San Francisco
Cinéma

Le Zodiaque : Chroniques de San Francisco

Le Zodiaque, de David Fincher, tente de lever le voile sur le véritable tueur en série accusé du meurtre de 37 à 200 personnes à San Francisco de 1966 à 1978. Impressions de l’acteur Mark Ruffalo.

Si vous êtes comme moi, vous souffrez peut-être déjà d’une surexposition aux crimes. De fait, notre diète télé souffre d’un excès de Law and Order et de CSI, sans oublier les faits divers présentés aux bulletins de fin de soirée. Il y a trois semaines, à Los Angeles, j’ai pu goûter à la vraie chose en voyant Le Zodiaque de David Fincher (Fight Club, Panic Room) qui a pris cinq ans pour transposer à l’écran cette véritable histoire de meurtre.

Fort d’un alléchant trio formé de Mark Ruffalo, Jake Gyllenhaal et Robert Downey Jr., Zodiac bénéficie également de solides acteurs de soutien, dont Chloë Sevigny, Anthony Edwards, James Le Gros et Elias Koteas. Pourtant, le plus grand intérêt réside chez les personnages réels.

L’histoire du tueur du zodiaque est l’une des plus célèbres affaires non résolues. À San Francisco, ce meurtrier, qui faisait du chantage aux journaux afin qu’on y publie ses énigmes pour ainsi aiguillonner le public à résoudre ses codes chiffrés, n’a jamais été coffré. Beaucoup de ce que nous connaissons du profil des tueurs en série provient du tueur du zodiaque – ainsi, le Dirty Harry de Clint Eastwood et le Bullitt interprété par Steve McQueen ont été créés à partir des expériences du détective Dave Toschi, principal enquêteur de la SFPD dans l’affaire zodiaque.

L’une des choses qui intéressaient le plus Mark Ruffalo dans ce projet était la possibilité de rencontrer le héros qu’il personnifie au grand écran: "J’ai passé beaucoup de temps avec Dave Toschi, j’ai donc pu ainsi en connaître plus intimement l’enquête, découvrir le point de vue des personnes impliquées toujours en vie. Toschi a une mémoire incroyable; lorsqu’il commence à parler de quelque chose, il se rappelle quand, où, qui était là et ce qu’il portrait! Grâce à cela, je pouvais m’accrocher à un tas de références matérielles. Fincher tenait fermement à tous ces éléments, car il souhaitait être le plus honnête possible envers cette abondance de détails. Pour moi, c’est un cadeau – dans mes rêves les plus fous, je ne serais jamais arrivé avec autant de détails et de nuances que l’a fait le vrai Dave Toschi."

Le Zodiaque ne provoque pas les frémissements morbides propres aux histoires de meurtriers en série. Fait étrange, si nous considérons que le très stylisé Se7en de Fincher n’a toujours pas été égalé dans ce genre. En fait, Le Zodiaque serait l’antithèse de Se7en. Il s’agit d’un film d’époque décousu fourmillant de détails à propos d’un tueur sans génie et désordonné, où les preuves se perdent, les communications interrompues sont monnaie courante et l’enquête fait marche arrière à tout moment… comme dans la vraie vie.

Jamais nous pénétrons l’esprit du Zodiaque. Fincher, qui a interviewé toute personne reliée de près ou de loin à l’affaire et qui a même engagé un détective afin de retracer une victime ayant survécu, a plutôt porté son attention sur trois hommes dont l’implication dans cette affaire a bouleversé l’existence de façon tragique.

À voir si vous aimez
Se7en de David Fincher
Bullitt de Peter Yates
Dirty Harry de Don Siegel