FIFA : Histoires de l’art
Le 25e FIFA se poursuit jusqu’au 18 mars. Petite sélection de films projetés ces prochains jours, commentés pour vous par nos collaborateurs.
CASTRATO
En 1994, beaucoup de gens avaient été fascinés par le film de Gérard Corbiau racontant l’histoire du chanteur Farinelli (1705-1782), l’un des castrats les plus célèbres. On avait, pour les besoins du film, créé à l’Ircam une voix de castrat en mêlant savamment celles d’une soprano et d’un chanteur de style falsetto. Le documentaire de Francesca Kemp pour la BBC fait le tour du phénomène des castrats d’un point de vue historique et scientifique et démontre que ni le contre-ténor ni le soprano masculin d’aujourd’hui ne peuvent approcher de l’étrangeté de la voix de ces hommes au larynx d’enfant et aux poumons démesurés (deux effets secondaires de la castration prépubère). On tente encore une fois ici de synthétiser cette voix fantôme, mais y parvient-on vraiment? Les disparus en conservent le secret. Les 17 et 18 mars. (R. Beaucage)
LES 1001 VIES DE LIA RODRIGUES
À l’affiche du Festival TransAmériques 2007, la Brésilienne Lia Rodrigues s’est bâti une renommée internationale avec des oeuvres fortes et souvent dérangeantes. Sous l’oeil de la caméra de Luli Barzman, elle se raconte en 70 minutes entre images d’archives, rencontres intimes et séances de travail. Après avoir séjourné en Europe et vendu l’héritage familial pour monter sa compagnie, cette intellectuelle au grand coeur s’installe avec ses danseurs dans une favela de Rio, signe d’un engagement ferme à jouer un rôle actif dans une société marquée par la violence. Personne n’oubliera les coups de feu tirés dans la rue d’à côté ni les sourires d’enfants venus assister aux répétitions. Un film passionnant qui fait le lien entre l’humanité profonde de l’artiste et son oeuvre. Les 15 et 17 mars. (F. Cabado)
BECKETT – "LES LÈVRES SE TAISENT"
Élégant titre pour un élégant film. Depuis sa naissance à Dublin, en 1906, jusqu’à sa mort 83 ans plus tard à Paris, cette ville devenue son véritable port d’attache, en passant par son enfance heureuse mais solitaire dans une famille protestante, ses études au renommé Trinity College, la fréquentation d’un James Joyce vieillissant auquel il faisait la lecture, la célébrité immédiate qu’allait lui donner En attendant Godot (1952), ses projets radiophoniques et télévisuels, c’est tout le parcours du Prix Nobel de littérature 1969 que le réalisateur allemand Goggo Gensch, visiblement admiratif de son sujet, balise et met en relief. Samuel Beckett, l’homme, apparaît ici comme affable, soucieux de ses semblables; un être épris de silence, véritable "sismographe de la société" qui allait laisser, fruit d’une intelligence aiguë et d’un talent fou mais aussi d’une farouche indépendance d’esprit, l’un des héritages dramaturgiques les plus pertinents du XXe siècle. Le 18 mars. (T. Malavoy-Racine)
COFFEE WITH PINA
L’Israélienne Lee Yanor brosse un portrait tout en ambiances de la célèbre chorégraphe allemande Pina Bausch, aujourd’hui âgée de 66 ans. Celle qui a marqué l’histoire de l’art en établissant les codes de la danse-théâtre est une longue dame brune dont la force de caractère se double d’une certaine introversion. Quand elle parle, la caméra se tient très à distance et n’ose se rapprocher que dans les moments de silence. Ainsi, bien que ce film de 52 minutes soit en anglais seulement, la parole est si rare qu’un francophone peut l’apprécier. L’image y est belle et pleine de poésie. Elle montre la chorégraphe au travail dans son studio, en salle et dans un étonnant duo avec un cheval, mais on la découvre surtout à travers de longs extraits de ses oeuvres récentes. Les 15 et 17 mars. (F. Cabado)
KIKI SMITH: SQUATTING THE PALACE
C’est certainement la plus extraordinaire exposition d’art contemporain que j’ai vue. L’intervention de Kiki Smith à la Biennale de Venise en 2005, au Palais Querini-Stampalia, était une pure merveille, une totale féerie. Pour ceux qui n’ont pas eu le plaisir d’y aller, voici une occasion de voir de quoi il retournait. Seront aussi gâtés ceux qui ont eu la chance de se rendre à Venise et qui souhaitent en connaître plus sur l’élaboration de cette oeuvre majeure de Smith. Pour ce film, Vivien Bittencourt et Vincent Katz ont suivi l’artiste de sa maison à New York, où elle a élaboré son oeuvre avec l’aide de divers artisans et assistants, jusqu’à Venise, où elle l’a installée. Le 16 mars. (N. Mavrikakis)
ANNIE POOTOOGOOK
En novembre dernier, elle recevait le prix Sobey. Elle est la troisième à qui est décernée cette importante récompense canadienne, succédant au Vancouvérois Brian Jungen (en 2002) et au Montréalais Jean-Pierre Gauthier (en 2004). Dans ce documentaire, la réalisatrice Marcia Connolly donne beaucoup la parole à cette créatrice inuit de 38 ans qui a été invitée à participer à la célèbre Documenta de Cassel en Allemagne cet été. Pootoogook nous parle de sa grand-mère et de sa mère, elles aussi artistes. Elle nous dit ses inquiétudes par rapport à l’avenir de la culture de son peuple. Le film est malheureusement un peu court (23 minutes) et nous aurions aimé en savoir plus sur celle qui définit son travail simplement en expliquant que ces dessins l’apaisent, l’aident à vivre. Si tous les artistes pouvaient créer pour cette raison… Le 16 mars. (N. Mavrikakis)
Jusqu’au 18 mars
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