À vos marques… Party! : Plongeon passion
Cinéma

À vos marques… Party! : Plongeon passion

À vos marques… Party!, premier long métrage de Frédérik D’Amours, exploite un créneau rare au cinéma québécois: le film d’ados. Propos du réalisateur et de la scénariste Martine Pagé.

À vos marques… Party! est d’abord né d’une collaboration entre la productrice Caroline Héroux et la scénariste (et auteure du blogue Ni vu ni connu) Martine Pagé: "Caroline s’était mise à écrire un scénario qui se passait à l’école secondaire, explique Pagé, mais qui avait une formule un peu plus américaine. Je trouvais ça intéressant, mais il y avait des éléments qui s’adaptaient mal au Québec, par exemple l’éternel football. Aussi, le personnage féminin central était un peu passif dans la version originale. Moi qui aime l’idée des filles qui font du sport, je trouvais plate qu’elle soit dans les bleachers à regarder le gars. Donc, je suis partie en réécriture avec les propositions que j’avais faites à Caroline et je suis revenue avec une nouvelle version."

Le football a alors été remplacé par la natation et la protagoniste (Mélissa Desormeaux-Poulin) a hérité de la même passion pour le sport que le garçon (Jason Roy Léveillée) dont elle est éprise. Dès lors, la chute du film ne repose pas tant sur leur inévitable baiser pendant le bal des finissants que sur leurs accomplissements athlétiques: "Il y a une belle morale derrière ça, assure Frédérik D’Amours. Elle n’a jamais arrêté de faire du sport, c’est juste qu’elle n’était pas capable de s’épanouir, impossible que les gens rentrent dans sa bulle. Puis, elle se dit qu’elle va se prendre en main et passer par-dessus ça, malgré ses blessures. Il y a des valeurs fondamentales dans le film. Ce n’est pas quelque chose de vulgaire, on est très loin de Folies de graduation. Ce ne sont pas des jeunes en party tout le long, qui pensent juste au sexe."

NOUVEAU CRÉNEAU

Ainsi, derrière des allures légères, le film s’avère plus complexe qu’il n’y paraît: "Personnellement, confie Pagé, j’adore les films comme Little Miss Sunshine qui ont des moments comiques et d’autres plus dramatiques. Certains avaient peur que ça se mélange mal, surtout pour un film d’ados, mais en fin de compte, il y a bien des gens qui sont très émus en le regardant. À cet âge-là, nos amours sont tellement marquantes. Quand tu te faisais humilier par un gars ou une fille, c’était atroce, tu t’en souviens encore une fois adulte!"

Ce niveau d’émotion inattendu renvoie aux films de John Hughes des années 80, généralement plus réfléchis et touchants que leurs équivalents contemporains: "C’est sûr que Sixteen Candles ou The Breakfast Club, ça fait partie de mon bagage, confirme D’Amours, mais il faut aussi être contemporain. J’ai regardé Mean Girls et un paquet d’autres films pour le style, mais toujours avec un impondérable de 20 jours de tournage et 10 fois moins de budget que ce qu’ont les Américains. On sait qu’on ne révolutionnera pas le genre, mais c’est intéressant de voir ça pour une première fois au Québec. J’ai une fille de 13 ans qui aime les Lindsay Lohan et Hilary Duff, et on n’a rien à lui offrir. Pourquoi ne pas encourager notre cinéma?"

Un détail qui peut faire sourciller est le fait que la majorité des acteurs soient un peu vieux pour jouer des adolescents: "Ma fille se fout carrément que Mariloup Wolfe ait 28 ou 29 ans, soutient D’Amours. Le public ne va pas juger sur ça, il va juger sur le personnage. Maxime Desbiens-Tremblay a 24 ou 25 ans, ça ne paraît pas, c’est une question de look."

Dans le même ordre d’idées, est-il inévitable de se retrouver avec plusieurs acteurs de Ramdam dans la distribution? Et que dire du choc de voir l’interprète de Mariane "frencher" celui de Manolo! "On est un petit segment de marché, répond le cinéaste, tout le monde se retrouve dans Watatatow ou dans Ramdam. Aussi, tu vas chercher des gens que les jeunes aiment."

Une de ces personnes est le médaillé olympique et amateur de McDo Alexandre Despatie, qu’on a l’occasion de voir pour la première fois au cinéma: "Il joue un petit peu son rôle, estime D’Amours. Tant qu’à aller chercher un comédien qui va être obligé de me faire un plongeon à la Alexandre Despatie, pourquoi ne pas essayer Alexandre Despatie? Je pense qu’il s’en sort bien."

Enfin, si À vos marques… Party! a le potentiel pour plaire aux spectateurs de tous âges, c’est néanmoins sur son public cible adolescent qu’il aura le plus grand impact: "C’est le genre de film qui reste beaucoup avec nous, note Pagé. Les films qu’on voit à cet âge-là, ce sont des oeuvres qui vont nous suivre longtemps. J’ai un bon souvenir de ces films qui sont un reflet de ce que je vivais à l’époque."

En salle le 30 mars