Amazing Grace : Un homme de foi
Cinéma

Amazing Grace : Un homme de foi

Amazing Grace, de Michael Apted, relate le destin de William Wilberforce, qui consacra sa vie à abolir l’esclavage. Rencontre avec celle qui incarne la grande femme derrière le grand homme, Romola Garai.

De la moitié du 15e siècle au début du 19e siècle, 12 millions d’Africains furent transportés vers l’Europe et l’Amérique dans des négriers, dont les conditions étaient si inhumaines que trois millions périrent durant la traversée, afin d’y être vendus comme esclaves. Dès 1787, l’Anglais William Wilberforce entreprit de consacrer sa vie, au péril de sa santé, à abolir la traite des Noirs. Le 25 mars prochain marquera le bicentenaire de l’abolition de l’esclavage dans l’Empire britannique, soit deux jours après la sortie en salle d’Amazing Grace, émouvant drame historique de Michael Apted relatant le long combat du courageux Wilberforce (Ioan Gruffud, sincère et solide).

Fort d’une direction artistique irréprochable, ce somptueux film d’époque n’échappe toutefois pas au didactisme. Par moments, on se croirait dans un cours d’histoire, fascinant au demeurant, donné par un professeur qui voudrait trop en raconter. Apted, documentariste aguerri, fait revivre avec autant de passion que de souci de véracité une page tumultueuse de l’histoire britannique.

"Amazing Grace traite de la nature humaine et dans un sens, explique Romola Garai, rencontrée au Festival de films de Toronto, c’est peut-être grâce au fait que Michael a tant tourné de documentaires qu’il voulait faire un film aussi beau et lyrique en plus de donner beaucoup d’importance aux personnages. Ce que j’ai beaucoup aimé dans sa façon de diriger les acteurs, c’est qu’il a permis que chaque personnage ait sa personnalité propre. À cette époque, en Angleterre, c’était une période de grands changements, et Michael voulait capter l’esprit révolutionnaire qui habitait les gens au tournant du siècle – ce qui était génial, surtout pour les personnages féminins."

Si ce n’était de la force de ces personnages, tout aussi humains qu’héroïques, Amazing Grace n’aurait été sans doute qu’un lourd film à costumes dont l’action principale se serait résumée à des politiciens s’engueulant à la Chambre des communes. Grâce à la plume de Steven Knight (Dirty Pretty Things) et à l’interprétation d’ensemble impeccable, des figures historiques, tels John Newton (bouleversant Albert Finney), vendeur d’esclaves repenti qui composa plusieurs hymnes, dont Amazing Grace, Lord Fox (Michael Gambon, impérial) et l’ex-esclave et auteur Oloudaqh Equiano (Youssou N’Dour, efficace), prennent vie avec toutes leurs qualités et contradictions. En résulte un film qui illustre avec humanisme et respect un combat noble dont on doit se souvenir.

"L’esclavage n’est pas un sujet tabou en Angleterre, conclut celle qui incarne avec fougue Barbara Spooner, femme brillante et cultivée qui épousera Wilberforce, et parce que nous l’avons aboli, nous pensons que nous n’avons rien à nous reprocher. L’esclavage demeure un sujet d’actualité dont nous devrions parler davantage à cause du trafic humain qui ne cesse de croître. Je pense que les gens ont l’impression qu’ils doivent avoir honte de leur histoire à cause de leur passé colonial, tout en étant très patriotiques. Ils veulent aimer leur pays, mais ne savent pas comment le faire. D’où l’importance de faire un film comme celui-là aujourd’hui, qui permette aux gens de mieux connaître leur histoire, l’Histoire."

À voir si vous aimez
Amistad de Steven Spielberg
Glory d’Edward Zwick
The Madness of King George de Nicholas Hytner