Festival de films sur les droits de la personne : Droits et libertés au cinéma
Le 2e Festival de films sur les droits de la personne s’ouvre demain avec Bamako, un grand film se portant à la défense de l’Afrique. Au programme: une vraie fête du cinéma, parfois sombre, mais forte de 75 films de tout genre.
Le plus jeune de nos festivals de cinéma prend de l’envergure. Pour sa deuxième année, le Festival de films sur les droits de la personne de Montréal (FFDPM) s’ouvre demain avec une véritable bombe. Artistique, s’entend. Bamako, d’Abderrahmane Sissako, est un grand film, autant par sa forme, originale et soignée, que par son propos, porteur de valeurs.
Si le reste de la programmation 2007 est du même calibre, ce festival aura démontré en peu de temps sa raison d’être. Les discours humanistes, délibérément engagés sur la voix du militantisme, peuvent faire du grand art. Organisé en marge de la Semaine d’actions contre le racisme et membre du Human Rights Film Network (parce qu’il y a ce type de festivals en France, en Argentine, en Corée du Sud, en Russie…), l’événement défend une noble cause: rappeler, par le cinéma, "l’importance des droits de la personne et des libertés fondamentales".
Soixante-quinze films sont au programme. Documentaires, fictions, longs ou courts métrages, quelques animations, des comédies aussi; bref, une vraie fête, qui "vole" des primeurs. Lancé à Cannes, Bamako connaîtra sa première québécoise ici, alors qu’il aurait très bien pu être de Vues d’Afrique ou de n’importe quel festival généraliste.
Son réalisateur, un Mauritanien formé à l’école soviétique qui en est à son huitième film, livre, sous les traits d’une fiction, un cri du coeur. Son appel pour la fin de l’exploitation de l’Afrique, et de sa population, se présente sous la forme d’un tribunal mandaté de juger les activités du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale. Des joutes oratoires, du grand théâtre mettant en vedette le peuple, et des images sublimes, légèrement subversives, composent l’oeuvre.
L’Afrique est, logiquement, présente dans ce festival. Bienvenue en Afrique porte sur les sans-papiers refoulés d’Europe à coups de traitements cruels et racistes. L’immigration africaine est aussi au coeur d’I See the Stars at Noon, alors que d’autres films traitent des enfants soldats, de la guerre au Darfour, de la prostitution et d’autres actualités sombres du continent. Soulignons également la présence de La Couleur du sacrifice qui aborde, en docu, le même sujet qu’Indigènes, la fiction acclamée de Rachid Bouchared.
Emprisonnements injustifiés, violence sous les dictatures, populations oubliées, la violation des droits humains prend une multitude de formes. Certains cas sont connus, d’autres moins. Tel celui de ces familles d’Athènes expropriées et expulsées peu avant les Jeux olympiques. Garlic and Watermelons raconte leur histoire.
Les parois qui se dressent pour diviser les territoires se multiplient et deux films s’y intéressent. Murs fait le tour de la planète, alors que le court métrage Don Quichotte à Jérusalem ne montre que celui en Palestine, mais de manière humoristique.
Au Québec, tout n’est pas parfait. Yves Langlois nous le rappelle en évoquant les mauvais traitements des personnes alitées dans J’veux pas aller à Saint-Charles-Borromée.
Notons qu’un volet compétitif met aux prises les courts métrages. The Clown Children semble au-dessus du lot: en six minutes et sans aucune narration, sinon celle des images, le documentaire révèle avec beaucoup de justesse l’injustice envers ces enfants obligés de faire les pitres dans la rue.
Jusqu’au 29 mars au Cinéma du Parc