Le Vent se lève : Le prix de l’indépendance
Le Vent se lève, de Ken Loach, met en scène les tenants et aboutissants de la quête d’émancipation du peuple irlandais.
Irlande, an de grâce 1920. Les vertes vallées irlandaises se sont transformées en champs de bataille. La population locale se dresse devant les Black and Tan, contingent anglais venu réprimer le mouvement indépendantiste. Damien (Cillian Murphy), qui allait poursuivre ses études en médecine à Londres, choisit de rester. Il retrouve son frère aîné, Teddy (Padraic Delaney), et d’autres compagnons qui livrent une lutte féroce aux Anglais.
S’ils subissent des pertes et doivent endurer la torture, les rebelles parviennent à faire plier l’adversaire. Un cessez-le-feu est négocié. D’une rencontre au sommet entre les deux camps naît le Traité anglo-irlandais, signé en décembre 1921, qui a pour effet de diviser les forces révolutionnaires. Certains, comme Teddy, s’y conforment par pragmatisme. D’autres, comme Damien, le dénoncent par principe. Bientôt, des frères d’armes et de sang en viendront à croiser le fer…
Palmé à Cannes au printemps 2006, Le Vent se lève (The Wind that Shakes the Barley en version originale) retrace un pan d’histoire encore délicat – en Angleterre, patrie de son réalisateur, Ken Loach, le film, écrit par l’Irlandais Paul Laverty, a été taxé d’antipatriotisme.
L’observateur "étranger", plus ou moins familier avec le sujet, aura pour sa part du mal à se prononcer. Même un jeune Irlandais pur trèfle comme Cillian Murphy a admis avoir "appris des choses" pendant le tournage…
Cela dit, le film n’en possède pas moins une qualité très actuelle. Le retrait des troupes anglaises des terres d’Irlande – et ses conséquences dramatiques sur la population locale – renvoie inévitablement à la situation iraquienne: Tony Blair annonçait récemment le rappel progressif de ses troupes. À quel coût?
Sur le plan dramatique, Loach développe son récit avec tout le métier qu’on lui connaît. Soucieux de brosser un tableau aussi équilibré que possible, il donne aux deux camps en présence les nuances nécessaires, qualités et travers inclus.
Certains épisodes de violence sont d’une rare intensité et d’une émotion à faire chialer les plus endurcis. L’affrontement ultime entre les deux frères est particulièrement troublant…
Le réalisateur de Land and Freedom a bien choisi ses deux héros. Padraic Delaney, qui rappelle un jeune Sean Bean, confère à Teddy la fougue et l’autorité nécessaire. Cillian Murphy, connu pour ses rôles de psychopathe, trouve un personnage plus équilibré, mais dont la psychologie s’avère tout de même complexe. On soulignera enfin la qualité des rôles satellites, qui contribue à la réussite d’ensemble.
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