Les Cavaliers de la canette : Cowboy junkie
Dans Les Cavaliers de la canette, un film à mi-chemin entre le documentaire et la fiction, deux alcoolos (Louis Champagne et Lorenzo Gélinas) se rendent au Festival western de Saint-Tite pour enterrer la vie de garçon d’un de leurs amis (Louis-David Morasse).
"La première fois que je suis allé à Saint-Tite, se rappelle Champagne, c’était avec Lorenzo et Louis-David il y a quatre-cinq ans, et on avait fait: "Mon Dieu, c’est incroyable, faudrait faire un film là-dessus!" Je suis un passionné de country, autant américain que québécois. J’ai plein de cassettes que j’achète dans les dépanneurs et les épiceries de région, je vais dans les bars country et je danse en ligne à l’occasion, après quelques verres. Tout le monde devrait aller à Saint-Tite une fois, c’est presque lunaire. En même temps, j’ai rarement vu une ambiance aussi simple, humaine, sans agressivité, des gens de plusieurs milieux qui font la fête ensemble."
Beaucoup de boisson et d’engueulades viriles sont au programme, en plus de marques d’affection maladroites mais sincères. Ceci peut rappeler un peu Minuit, le soir, mais Champagne rechigne à la comparaison: "Faire des liens avec les affaires d’hommes, c’est plus la job des journalistes. En ce qui me concerne, c’est sûr que l’amitié, c’est important dans ma vie. Mais c’est aussi un film sur la peur de l’engagement, ça parle beaucoup des femmes. Quand il n’y a pas de femmes, les gars en veulent; quand il y en a, ils en veulent pas."
Ce premier long métrage de Champagne s’inscrit dans le nouveau courant Do it yourself du cinéma québécois, ayant été tourné entre amis avec les moyens du bord, sans attendre les subventions: "Maintenant, on peut faire les choses spontanément, à cause des caméras numériques et des ordinateurs, on peut monter ça à la maison. Ce qui va être le plus difficile pour la suite des choses, c’est les lieux de diffusion numérique, qui sont assez rares. On est chanceux d’avoir été happés par Ex-Centris à Montréal et le cinéma Cartier à Québec, parce qu’il y a beaucoup de demande, il y a des soixantaines de films qui attendent sur les comptoirs des programmateurs. Le problème de ceux qui font des films spontanément, et il va y en avoir de plus en plus, ça va être de les présenter."
Les Cavaliers de la canette est parfois un peu brouillon, mais ceci n’enlève rien au caractère sympathique de l’entreprise: "On tournait en cinéma direct, explique Champagne, on a tourné beaucoup de scènes qui sont improvisées, on partait à l’aventure. Même à l’étape du montage, il y a des scènes où c’est sûr que s’il y avait eu un producteur ou un distributeur au-dessus de notre épaule, il aurait dit: "Bon, ben, cette scène-là, on peut couper ça, on peut rendre ça plus efficace." Mais à un moment donné, l’efficacité… Je m’ennuie un peu des films des années 70, je trouve que des fois, on a le droit d’avoir des scènes qui sont un peu plus lentes, que le rythme soit un peu plus humain."
Le 1er avril à 15h
À la salle Multi
Dans le cadre du Festival des 3 Amériques