Dia de Festa : 48 heures pour survivre
Dans son film Dia de Festa, le réalisateur Toni Venturi s’intéresse au Mouvement des sans-toit. C’est que, sur les quelque 10 millions d’habitants de São Paulo, au Brésil, ils sont environ 1 million à vivre dans la rue ou dans des favelas…
Dès le départ, le spectateur se retrouve à l’aube d’une action du Mouvement, une occupation massive d’immeubles de logements inoccupés. L’objectif des sans-toit est simple: rester dans ces édifices au-delà de la marque fatidique des 48 heures. S’ils réussissent, la police n’a plus le droit de les en déloger, et la phase d’installation peut commencer. Cependant, dans les heures qui précèdent ce délai, les moyens ne manqueront pas pour les forces de l’ordre.
La démarche n’est donc pas sans risques. Et en cette nuit de 2004, la confusion règne. Sans-toit et policiers se retrouvent nez à nez. Les gaz lacrymogènes fusent. Et rien de tout cela ne peut rendre un tournage plus facile… "C’est le jour le plus difficile que j’ai passé de ma vie. On ne savait pas ce qui arrivait. Même le jour de l’occupation, on ne le savait pas", se rappelle Toni Venturi. Toutefois, cette nuit, qui devait devenir le centre du métrage, n’était pas sans richesse. "C’était plein de choses intéressantes pour nous. Je ne savais plus où mon film allait aller après ça", poursuit-il.
Ces événements, ainsi que l’avant et l’après, Toni Venturi et son coréalisateur, Pablo Georgieff, ont choisi de les partager par l’intermédiaire du regard de quatre femmes qui agissent au sein du Mouvement des sans-toit, que Venturi qualifie de "leaders organiques". "Elles n’ont pas bénéficié de l’éducation traditionnelle, elles ont pris conscience des choses de la vie, de la rue, elles ont une expérience concrète de la situation", explique-t-il.
Et, d’emblée, il note aussi que Dia de Festa ne se veut pas un document objectif sur la question. Bien au contraire: il s’agit d’un témoignage, il s’agit du point de vue de ces femmes qui est partagé avec le spectateur. "Nous ne voulions pas faire un film journalistique avec les deux côtés de la médaille. Nous n’avons pas été voir le gouvernement, nous n’avons pas parlé avec des représentants des programmes d’habitation. Nous avons choisi de présenter une vue subjective de la question", indique Toni Venturi.
Au fur et à mesure du tournage, l’équipe s’est laissé porter, inspirer, par ces quatre femmes qui "luttent pour la nécessité". Son Dia de Festa, Toni Venturi espère le voir perçu comme un "manifeste politique qui n’est pas traditionnel, qui s’éloigne des discours habituels de la gauche", tout en restant empreint d’émotion, de sensibilité et surtout, d’intégrité. Cela, dans le but de faire connaître cette "réalité invisible" du Brésil, de partager avec les spectateurs le "quotidien des gens qui n’ont pas de maison, pas de travail".
Le 29 mars à 17h et le 30 mars à 12h
Au cinéma Place Charest
Dans le cadre du Festival des 3 Amériques
FIFA: les lauréats
Le Musée des beaux-arts du Québec présente 12 films primés du 25e Festival international du film sur l’art. Cinq d’entre eux reçoivent une récompense financière en plus des honneurs: Car-Men, film néerlandais de Boris Paval Conen sur une création du chorégraphe Jirí Kylián, Sigrid & Isaac, histoire d’un couple de peintres suédois du siècle dernier racontée par Anders Wahlgren, The Art of Henry Moore, du Britannique John Wyver, Panta Rei, où Lars Nilssen suit la création d’une installation de système solaire en Norvège à l’échelle 1/200 millions, et enfin, Citizen Lambert: Jeanne d’architecture, que la Canadienne Teri Wehn-Damisch a consacré à la fondatrice du Centre canadien d’architecture de Montréal. À noter que la production franco-canadienne Le Blues de l’Orient de Florence Strauss, road movie aux sources de la musique arabe classique, partage le prix du Meilleur reportage avec le film suisse The Giant Buddhas de Christian Frei. Du 28 au 31 mars. Programmation détaillée au www.mnba.qc.ca. (F. Cabado)