Découvertes allemandes : Démons et merveilles
La 15e édition des Découvertes allemandes nous fait connaître huit cinéastes qui signent des oeuvres fortes et troublantes. Morceaux choisis.
Le cinéma allemand se faisant trop rare sur nos écrans, l’on peut heureusement compter sur le Goethe-Institut qui, depuis maintenant 15 ans, nous offre la crème des films auf Deutschland.
C’est ainsi qu’au fil des ans, les cinéphiles germanophiles ont pu découvrir les oeuvres d’Andreas Dresen (Frites et Folie), de Fatih Akin (Solino), d’Oliver Hirschbiegel (My Last Film), de Stefan Krohmer (They’ve Got Knut) et de Hans-Christian Schmid (Crazy, Au loin, les lumières), dont l’on verra le bouleversant Requiem, pour lequel l’extraordinaire Sandra Hüller a reçu l’Ours d’argent de la meilleure actrice à la Berlinale de 2006.
Ceux qui ont vu The Exorcism of Emily Rose de Scott Derrickson seront en terrain connu avec ce film de Schmid qui relate la triste histoire d’une étudiante décédée de malnutrition et d’épuisement en 1976 après avoir subi des séances d’exorcisme, Anneliese Michel. Mais là s’arrête la comparaison. À des lieues du banal film d’horreur aux effets-chocs convenus, Requiem se veut un drame naturaliste, dépouillé, prenant, où le désarroi de la jeune fille et l’incompréhension de ses proches prennent graduellement toute la place. (5 avril, à 20 h; 6 avril, à 18 h 30)
Autre drame troublant que propose Matthias Glasner avec The Free Will (Der Freie Wille) où Jürgen Vogel (vu dans Rosenstrasse de Margarethe von Trotta et Nackt de Doris Dorrie) incarne avec force conviction un violeur en série qui souhaite, après neuf ans d’incarcération, refaire sa vie. Il croisera le chemin de Nettie (Sabine Timoteo, intense), une jeune femme victime d’un père possessif. Un film éprouvant, ponctué de scènes violentes et très dures, qui nous confronte sans cesse à nos préjugés. Pour The Free Will, que l’on dit le film le plus controversé au Festival de Berlin l’an dernier, Vogel, coscénariste et coproducteur, a remporté l’Ours d’argent pour son accomplissement artistique. (12 avril, à 20 h; 13 avril, à 18 h 30)
Enfin, pour ceux qui en ont marre des histoires de triangles amoureux racontées avec force guimauve et baisers langoureux échangés par des acteurs canon, soleil couchant en toile de fond, voyez Longing (Sehnsucht) de Valeska Grisebach, qui raconte en toute simplicité comment un couple coulant des jours heureux voit son avenir compromis à la suite d’une nuit d’ivresse. Un film dénué d’artifices, tout en lenteur et en nuance, où l’émotion s’avère palpable à tout moment. (10 mai, à 20 h; 11 mai, à 18 h 30)
Du 5 avril au 25 mai au Goethe-Institut
www.goethe.de/montreal