El Aura
Dans ce thriller atmosphérique envoûtant du regretté réalisateur argentin Fabian Bielinski (Nueve Reinas), décédé à l’été 2006 à l’âge de 47 ans, l’excellent Ricardo Darín (El Hijo de la Novia) campe un taxidermiste apparemment sans histoire. Ne pouvant s’empêcher d’imaginer à tout moment des cambriolages de banque parfaits, ce dernier se retrouve mêlé à un vol dans un casino à la suite d’une partie de chasse fatale. Dès lors, il découvrira que la réalité peut être parfois plus cruelle que la fiction. Afin de s’immiscer dans l’esprit dérangé de son protagoniste à la santé fragile mais doté d’une mémoire et d’une imagination redoutables, Bielinski a composé des cadrages recherchés d’une esthétique sombre et soignée, lesquels confèrent à El Aura, prix fort mérité du jury à Festivalissimo, un aspect onirique troublant et pénétrant. (M. Dumais)
Le Blues de l’Orient
Lauréat du Prix du meilleur reportage lors de la toute récente édition du Festival international du film sur l’art, le film de la réalisatrice française d’origine juive égyptienne Florence Strauss, sur les origines de la musique arabe, méritait bien qu’on lui offre la possibilité d’être vu plus largement. L’Office national du film, qui est au nombre de ses coproducteurs (avec Les Films d’ici, Amythos Films et Bel Air Media), prend les choses en main et projettera le film du 6 au 12 avril au Cinéma ONF, rue Saint-Denis. Un très beau film sur la musique, ce langage universel que n’arrêtent heureusement ni les frontières érigées entre les peuples ni même celles, pourtant plus naturelles, qui s’installent entre les époques. Info: 514 496-6887. (R. Beaucage)
Maintenant
Les Films du 3 mars présentent ce programme de huit courts métrages québécois, plusieurs d’entre eux ayant été finalistes aux Jutra ces dernières années. Du lot se démarquent Les Jours de Maxime Giroux, une histoire de vengeance épurée avec Gildor Roy dans son meilleur rôle depuis Requiem pour un beau sans-coeur; aussi de Giroux, Le Rouge au sol, une saisissante excursion dans l’autodestruction d’un jeune homme en détresse, interprété avec brio par Martin Dubreuil; L’Hiver longtemps, le curieux documentaire que Frédérick Pelletier a tourné avec ses grands-parents, qui vivent chacun leur solitude en parallèle; et trois films d’animation expérimentaux de Félix Dufour-Laperrière, Encre noire sur fond d’azur, Un, deux, trois, crépuscule et Head, réalisé en collaboration avec Dominic Étienne Simard. Les 11 et 12 avril au cinéma Ex-Centris. www.f3m.ca. (K. Laforest)
Festival Proje(c)t Y
Étudiants en cinéma, cinéastes de demain? Pas sûr. Pas au regard de la nouvelle cuvée de Proje(c)t Y, le festival de cinéma universitaire. Sur les 18 courts-métrages, rares sont ceux qui réussissent à allier forme et narration de façon intelligente. Il n’est pas question ici de dénigrer le côté expérimental de l’exercice. Au contraire, on attend de ces apprentis le parti pris de bousculer les normes. Les quelques satisfactions: Pierre-Marc Drouin et son très Woody Allen Embarrasse-moi (bien servi, il faut le dire, par Paul Ahmarani et Julie Le Breton); Myriam Magassouba et son histoire de couple À ras les sons et silences; des pièces plus près de la vidéo d’art que du cinéma, ainsi qu’un volet animation fort encourageant. À Ex-Centris, les 6, 7 et 8 avril. Info: www.projet-y.org. (J. Delgado)
Festin de requin
Le monde sous-marin n’est plus un secret pour les enfants depuis que Disney (The Little Mermaid, Finding Nemo) l’anime. Bien sûr, ce public se renouvelle vite. Tout de même, on se demande ce qui a motivé les auteurs du Festin de requin (Shark Bait, en version originale). Sans la fraîcheur du sujet, ce dessin animé se trouvait devant l’obligation d’une trame forte. Or, on retrouve des thèmes classiques (deuil des parents, conquête de la belle, le requin, rival et méchant) après avoir cru qu’il puiserait dans le discours environnemental. Mais la question des eaux polluées est vite évacuée. Et qu’il est bavard! Ça n’arrête pas une seconde, ni le temps du spectacle du loup marin ni lors des scènes de poursuite. L’absence de pauses, de musique, voilà son originalité. En somme, une mer de paroles qui donne l’occasion de savourer les voix de Marc-André Grondin, de Guy Nadon et de Geneviève Néron. (J. Delgado)
Masturbation libre: le manifeste
Inspiré par la soirée hommage à la masturbation qu’il avait animée en 2005 au Lion d’Or, au côté de Stéphane Crête, François Gourd (l’éclaté réalisateur derrière L’Avis d’un fou) a choisi de titiller la question du plaisir solitaire plus à fond. Témoignages détaillés, récits pointilleux et opinions libérées sont entrecoupés d’odes à l’onanisme sous toutes ses formes (comprendre: toutes formes d’odes tout autant que toutes formes d’onanisme). Chansons, poèmes, mimes… tout y est! Et, grand moment d’apothéose, le fou filmant nous offre des images de la (mémorable) fin de cette soirée où plus de 360 personnes ont simultanément glissé leur main dans leurs culottes. Spectateur, faites-vous plaisir et cherchez les visages connus! Un film sans tabous, à voir seul, en couple ou en groupe. (N. Wysocka)