Greg & Gentillon : C’est en partant d’Gatineau…
Greg & Gentillon, de Matthiew Klinck, ou comment un duo comique d’Aylmer peut réussir (ou pas) à percer à Toronto. Quatre gars, deux villes, une rencontre.
Ils sont quatre: Matthiew Klinck (le réalisateur), Thomas Michael (Gentillon), Louis Durand (Greg) et Paolo Mancini (Paul-Emile Emond). Quatre mecs d’Aylmer qui, à huit mains, ont écrit un scénario hilarant. Un scénario qui, en tout, tenait sur quatre pages. Quatre pages qui sont finalement devenues un film remarqué instantanément. Remarqué non seulement au Festival international du film de Calgary où il a gagné le prix Discovery, remarqué non seulement au Québec où, après avoir été présenté au FNC en 2005 et aux Rendez-vous du cinéma québécois ainsi qu’au Festival du film de l’Outaouais en 2006, sa sortie est attendue avec impatience, mais remarqué aussi aux États-Unis où il est déjà disponible en DVD!
Une destinée absolument inespérée pour le groupe de comiques qui a été complètement pris de court par les succès à répétition remportés par le (très réussi) fruit de leur trip entre chums. Car, ce film, c’est avant tout un trip: un faux documentaire qui relate les multiples péripéties de Greg et Gentillon, deux comiques un peu naïfs qui, avec l’aide de leur complètement névrosé gérant Paul-Emile Emond, vont quitter leur Aylmer natale afin de conquérir la scène torontoise, avec leurs chevelures en bataille, leurs ridicules complets blancs et leurs accents à couper au couteau. Bref, un film indépendant, anti-conventionnel et à petit budget qui n’avait pour ambition première que celle de faire rire. Voyez pourtant le résultat…!
C’T’UNE FOIS DEUX GARS…
Lorsqu’on rencontre le quatuor dans un bar, leur excitation est clairement visible. Ils parlent du film avec passion, en se coupant la parole, se souvenant de moments marquants du tournage et se lançant coup sur coup des craques tordantes. Au milieu de ce joyeux bordel, on parvient (sensiblement!) à retracer le parcours qui a mené au fameux produit final: "Les personnages, c’est ce qu’on a établi en premier, explique Durand, alias Greg. Tom et moi on habitait déjà à Toronto, et un soir, en regardant le hockey, on a commencé à déconner. On s’est inventé des personnages à l’image des annonceurs de radio. J’ai dit: "Mon nom est Greg!" Thomas (inspiré par le célèbre [sic!] Harley Gentillon d’Aylmer) a dit: "Pis mon nom est Gentillon!". Quelque temps plus tard, on a décidé d’aller jouer en tant que G&G dans un comedy-club."
Coup du destin? Le premier soir, Matthiew Klinck était dans la salle: "Ce qui m’a frappé durant la soirée, ce n’est pas seulement le spectacle qui était très drôle, mais c’était aussi ce qui s’est passé APRÈS. Même quand ils sont descendus de la scène, ils sont restés dans la peau de leurs personnages et les gens y ont cru totalement! Ils avaient même créé une adresse Internet: greg&[email protected]! Ce n’était pas seulement un acte sur scène, c’était réellement un mode de vie!".
Il ne faudra pas beaucoup de temps avant que Klinck ne se décide à filmer ce mode de vie et que Paolo Mancini ne se joigne au trio. Alternant entre Toronto et Aylmer, le quartette, qui se connaissait depuis les bancs d’école et qui avait déjà animé l’émission Y B Normal? sur les ondes de Comedy Network, s’est dès lors dévoué à orchestrer une farce qui a fini par acquérir une profondeur dramatique insoupçonnée. "C’est une histoire humaine, souligne Michael, alias Gentillon. On ne rit ni des gens d’Aylmer ni de ceux de Toronto. On ne cherche aucunement à faire un statement." "Tous les gens que l’on voit à l’écran, ce sont des "vraies" personnes, renchérit Mancini, alias Paul-Emile. Nos profs du secondaire, nos parents… En somme, c’est un vrai mensonge!"
Premier (?) film bilingue ("On était dans les festivals avant même qu’ils aient commencé à tourné Bon Cop, Bad Cop!"), Greg & Gentillon est vraiment une oeuvre surprenante. La surprise est d’autant plus grande lorsque l’on apprend que les scènes, presque entièrement improvisées, n’ont toutes été tournées qu’une seule fois dans l’optique de "faire plusse vrai". Anecdote: le lendemain (de veille) de cette fameuse scène où Greg soûle Gentillon afin de l’aider à oublier sa peine, personne ne se rappelait l’avoir enregistrée!
Finalement, après plusieurs dizaines de minutes passées à analyser l’expérience, les quatre gars concluent d’un commun accord: "C’est un peu la voix d’Aylmer, parce qu’on est fiers de qui on est! C’est l’histoire simple de gens venus de petites villes qui poursuivent un rêve. Notre film rend hommage à cette expérience."
Et leur expérience semble être une matérialisation de ce rêve.
Voir calendrier Cinéma