Rétrospective Jennifer Fox : Sex and the Cities
La cinéaste américaine Jennifer Fox est l’objet d’une rétrospective présentée à la Cinémathèque québécoise, du 5 avril au 3 mai.
"Normalement, lorsque je cherche à comprendre quelque chose, je fais un film sur le sujet." Nous sommes dans les premières minutes du premier épisode de Flying: Confessions of a Free Woman – oeuvre très féminine… ou plutôt féministe? – et la réalisatrice Jennifer Fox vient de confier à sa caméra qu’elle souhaite changer son existence tout entière. Sans toutefois avoir un "f-king clue" ni de ce qu’elle souhaite changer ni de comment. Une chose que sait la cinéaste, âgée de 42 ans au moment de cette première des six parties qui constituent ses Confessions, c’est que cette vie de femme foncièrement indépendante, sans mari, sans enfants et sans attaches ne lui convient plus. Du tout.
Dans un milieu new-yorkais très trendy, cool et arty, celle qui signa en 1981 son premier long métrage, Beirut: the Last Home Movie (3 mai), commencera son exploration de la femme d’aujourd’hui, une femme en constante proie aux dualités carrière vs amour, sexe vs engagement, famille vs liberté. Comme Manhattan ne constitue pas le centre du monde, contrairement au mythe proféré par de nombreux inconditionnels, la cinéaste décidera rapidement de se rendre dans quelque 17 pays afin d’interroger diverses représentantes de la gent féminine sur leur condition: "C’est un film construit sur un drame. Mais le drame est vrai", nous explique celle à qui l’on doit la série An American Love Story (12, 13, 19, 20 et 26 avril) lorsque nous la rencontrons à la sortie de la projection des deux premiers épisodes de Flying…, terriblement anxieuse de connaître la suite de cette histoire. Vraie. Car il n’a suffi que d’une dizaine de minutes pour que nous soyons totalement absorbée par le récit non seulement de toutes ces femmes, mais aussi de Fox elle-même, déchirée entre un petit ami pour lequel elle ressent peu d’amour et un homme marié pour lequel elle se meurt d’amour.
La narration très (nous insistons sur le "très") personnelle, les interventions souvent remplies de détails croustillants… la formule "reality show" ne semble pas être déplacée pour désigner cette série de films, que son auteur qualifie aussi "d’essai", le côté militant rapprochant sûrement plus le résultat à une étude sociologique qu’à un Loft Story. Effectivement, question militantisme, sa présence ne peut être niée. L’image que dresse Fox des hommes est loin d’être rose: "Dans toutes les cultures, les hommes sont menés par le désir de contrôle et la violence. À différents degrés, bien sûr, mais la ligne directrice est toujours la même." Lorsque nous lui avouons ne pas partager inconditionnellement cette vision extrêmement sombre d’une gent masculine ayant, selon ses dires, plus de pouvoir dans tous les domaines ("plus de pouvoir physique, plus de pouvoir économique, plus de pouvoir familial…"), l’étonnement se lit clairement sur son visage: "Non?!?! Vous n’êtes pas d’accord?!"
D’accord ou pas avec l’opinion bien tranchée de la réalisatrice, cette parcelle de son travail vaut amplement le détour. Et, ne vous inquiétez pas: si vous avez manqué l’épisode précédent, on vous dresse un survol de ce que vous avez loupé la veille (5, 6 et 7 avril). Un vrai show.