La Lettre à l’écran
Jusqu’au 14 juin, la Cinémathèque québécoise propose le cycle La Lettre à l’écran. Divisé en 18 séances, ce cycle invite les cinéphiles à découvrir comme une correspondance intime s’incarne au cinéma. Parmi ces lettres, mentionnons ce cri du coeur que lance le cinéaste israélien Avi Mograbi à un ami palestinien dans Pour un seul de mes deux yeux. Dans ce documentaire d’une sincérité désarmante, qui devait au départ être un pamphlet politique dénonçant Ariel Sharon, Mograbi établit un parallèle entre des figures mythiques de l’Antiquité et les auteurs d’attentats suicides d’aujourd’hui, les premiers cités en exemple à la jeunesse juive, les seconds, condamnés par les Israéliens. Ponctué de conversations téléphoniques entre le cinéaste et son ami, ce documentaire rend compte de la détresse et l’humiliation des Palestiniens. www.cinematheque.qc.ca.
Monkey Warfare
Ensemble depuis une quinzaine d’années, Dan et Linda (Don McKellar et Tracy Wright, couple à la ville comme à l’écran) vivotent à Toronto où ils revendent sur Internet tout ce qu’ils trouvent dans les poubelles et les ventes de garage. Leur existence paisible est bientôt menacée lorsque entre en scène une sexy revendeuse de cannabis bio de leur Vancouver natale (Nadia Litz) dont le passe-temps est de mettre le feu aux VUS. Comédie satirique bavarde, modeste et sympathique de Reginald Harkema, Monkey Warfare séduit par ses amusantes références à La Chinoise de Godard, son irrésistible trame sonore des années 60 et 70 concoctée par DJ Hans Lucas (ah! Leonard Cohen!) et son trio de comédiens joyeusement en forme.
The Italian
Grand Prix au Kinderfilmfest de Berlin en 2005, The Italian (Italianetz), premier long métrage d’Andrei Kravchuk, met en scène un garçon de six ans (adorable Kolya Spiridonov) qui, à quelques jours d’être adopté par un charmant couple d’Italiens, fuit l’orphelinat afin de retrouver sa vraie mère. Inspiré de faits vécus, ce drame prenant tourné à hauteur d’enfants (dont la plupart sont interprétés par de vrais orphelins) dresse un portrait peu flatteur des orphelinats russes. De fait, ce récit d’apprentissage, lequel n’est pas sans rappeler l’univers de Dickens par son misérabilisme, sa dureté et ses personnages pittoresques (mention d’honneur à Mariya Kuznetsova en entremetteuse), renvoie l’image d’un marché pas très propre où les enfants font figure de bétail pour couples bien nantis. Cependant, sous cette noirceur point une lueur d’espoir.
The Reaping
Si l’Ancien Testament regorge d’histoires fascinantes et merveilleuses, hélas! ce dernier a peu inspiré Stephen Hopkins (The Ghost and the Darkness). Campé en Louisiane, The Reaping revisite avec force effets spéciaux plutôt convaincants les 10 plaies d’Égypte. Dans le rôle d’une ex-missionnaire ayant perdu la foi, Hilary Swank (correcte, sans plus) veut prouver aux habitants du village où elle a été appelée d’urgence que derrière chaque pluie de grenouilles, de sauterelles et autres phénomènes étranges, se cache une explication scientifique. Victime d’hallucinations et de cauchemars, la pauvre en perdra bientôt son latin… Enfin, qu’est-ce qui pousse une actrice doublement oscarisée à se commettre dans un drame d’horreur à saveur catho peu inspiré? Un mystère sans doute moins grand que celui de la foi…