Rétrospective Jacques Giraldeau : Un demi-siècle d'observations
Cinéma

Rétrospective Jacques Giraldeau : Un demi-siècle d’observations

La rétrospective Jacques Giraldeau à la Cinémathèque québécoise donne l’occasion de voir une oeuvre singulière portée par un intérêt marqué pour les arts.

Alors que son nouveau long métrage vient de terminer sa vie commerciale, Jacques Giraldeau reçoit l’hommage que mérite tout bon et assidu cinéaste. Hommage trop succinct cependant: la rétrospective de la Cinémathèque québécoise réunit douze titres sur la cinquantaine signée en un demi-siècle.

Sans se plaindre ni se vanter, Jacques Giraldeau perçoit cette petite célébration comme l’occasion de "voir si ces films tiennent encore le coup". Il le dit en toute humilité, sachant bien que son oeuvre, Bozarts du moins, n’amasse pas trop de poussière: "Je sais qu’il est montré à chaque année à des étudiants en art."

Homme de son temps, Giraldeau a suivi les mouvements artistiques qui surgissaient devant lui. En 1965, il réalise La Forme des choses, documentaire sur le premier symposium de sculpture au Québec. Bozarts (1969), lui, réunit à l’écran des artistes dans la force de l’âge, dont Marcelle Ferron et Armand Vaillancourt.

Dix ans plus tard, il livre La Toile d’araignée, cinq films en un sur la pratique des arts visuels. C’est le troisième de la série qui a été retenu: "La Toile d’araignée 3 porte sur un regroupement d’artistes à Val-David, les créateurs associés. Ils étaient extrêmement actifs, tenaient des ateliers collectifs. Ils ont changé le village de Val-David. La municipalité a investi 100 000 dollars. Comme maison de la culture dans les villages, il n’y en a pas beaucoup."

Giraldeau a toujours été animé par la conviction profonde que l’art est essentiel. Naturellement, il s’est donné une mission de diffuseur, "essayant, comme il le dit au sujet du tournage de Bozarts, de rendre compte au cinéma de ce qui existe".

Pas toujours de façon positive, remarquez. Programmé conjointement avec La Toile d’araignée, Le Tableau noir (1989) dévoile les dessous du marché de l’art, avec des cas types comme Les Iris de Van Gogh ou l’icône Warhol: "C’est un film sur le système de l’art. Une chose vivante, parfois scandaleuse. C’est normal que les artistes vivent de leur travail. Mais entre un prix raisonnable (…) et des millions de dollars, il y a une surenchère. Je trouve ça scandaleux."

Jacques Giraldeau n’a pas seulement capté des images. Il les a aussi animées. "J’ai fait quelques tentatives", avance-t-il au sujet de son cinéma d’animation. L’affiche du 12 avril présente L’Homme de papier (1987), précédé de trois courts métrages, dont Iris (1991), séquence tirée du Tableau noir et primée au FFM.

Mettant en vedette Denis Bouchard, L’Homme de papier mêle genres et techniques. Giraldeau le voit avant tout comme un salut à ses confrères: "Je voulais rendre compte de ce qui se faisait en animation. Il y a une petite histoire avec Denis Bouchard, qui est l’homme de papier. C’est un personnage animé, mais en fait il est réel. Ça me donnait l’occasion de montrer les travaux d’un certain nombre d’animateurs, comme Jacques Drouin et (le Tchèque) Bretislav Pojar."

Les très urbains Les Amoureux de Montréal (1992) et Au hasard du temps (1964), réunis dans le même programme, révèlent deux passions du cinéaste: l’architecture et l’errance. Le "passer du temps", dans ses mots. La rétrospective se termine avec Blanc de mémoire (1995), film précédent et annonciateur du dernier-né, L’Ombre fragile des choses.

Jusqu’au 2 mai à la Cinémathèque québécoise
www.cinematheque.qc.ca