Drawing Restraint 9 : La turbulence des fluides
Cinéma

Drawing Restraint 9 : La turbulence des fluides

Avec Drawing Restraint 9, Matthew Barney et Björk nous convient à bord d’un baleinier japonais pour un périple aussi troublant que majestueux.

Ayant été footballeur, étudiant en médecine et mannequin, Matthew Barney est devenu, au cours des années 90, une figure phare de l’art contemporain américain. Celui dont les installations multimédias sont célébrées dans les galeries d’art et les musées du monde entier s’aventurait pour la première fois du côté du cinéma avec les cinq volets du cycle Cremaster, réalisé entre 1994 et 2002.

OEuvre à grand déploiement, Drawing Restraint 9 a été réalisé à la suite d’une commande du Musée d’art contemporain de Kanazawa pour commémorer les 60 ans du bombardement de Nagasaki et d’Hiroshima. Après avoir été projeté dans plusieurs grands musées depuis 2005, voilà que ce film poétique presque entièrement muet débarque à Montréal pour une projection unique.

Deux Occidentaux qu’incarnent Barney et Björk, sa muse-épouse, s’embarquent sur le Nisshin Maru, un navire-usine transportant une immense sculpture de vaseline. L’homme et la femme y seront minutieusement coiffés et habillés de peaux et de fourrures, conformément à un rituel nuptial nippon. Ils assisteront ensuite à une cérémonie du thé, où chaque geste est posé avec lenteur et précision, avant de s’abandonner au désir et à des pulsions cannibales alors que le navire traverse une tempête et que la sculpture fond et se répand dans tous les recoins du bateau.

En plus d’y tenir l’un des rôles de premier plan, la populaire chanteuse islandaise à la voix inimitable a également composé la trame sonore, tout comme elle l’avait fait pour le film Dancer in the Dark de Lars von Trier. Adhérant parfaitement à cette suite de tableaux mystérieux où s’opposent modernité et conventions ancestrales, ses pièces principalement érigées autour de pulsations minimalistes puisent à même la tradition japonaise. Cette première rencontre artistique du couple se révèle donc des plus heureuses.

Même si la trame narrative de Drawing Restraint 9 s’avère quelque peu hermétique et nous plonge plus souvent qu’autrement dans un état d’incompréhension, on se laisse facilement porter, comme engourdi par le grondement lointain de la salle des machines, par cette intrigue abstraite et par ce riche alliage visuel et sonore. De plus, l’enchaînement des plans et des scènes s’effectue à un rythme si constant qu’on est tenu en haleine du début à la fin.

Projection gratuite le jeudi 26 avril à 20 h (ouverture des portes à 19 h)
Au Cinéma Impérial

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