2: 37 : Un jour comme les autres
Avec 2: 37, Murali K. Thalluri, cinéaste australien autodidacte de 20 ans, joue dans les plates-bandes de Gus Van Sant.
Inspiré de la tuerie de Columbine, Elephant de Gus Van Sant nous happait dans une spirale temporelle où l’on suivait durant quelques heures des élèves d’une école secondaire. Épousant tour à tour le point de vue de chacun, Van Sant – le nom apparaît dans les remerciements du générique de fin de 2: 37 – illustrait brillamment le désarroi adolescent. Hélas, le jeune Murali K. Thalluri, marqué à vie par le suicide horrible d’un être cher et ayant lui-même tenté de mettre fin à ses jours, s’en est si bien inspiré, tant du fond que de la forme, qu’il signe ici un pâle clone, quoique indéniablement sincère, du chef-d’oeuvre du cinéaste de Portland.
Après qu’un corps ait été retrouvé dans une école secondaire, on remonte dans le temps afin de découvrir ce qui s’est passé dans les heures précédant le drame. C’est ainsi que l’on rencontre six élèves au cours de cette journée qui s’annonçait sans histoire. Chacun viendra dévoiler à la caméra ses joies et ses angoisses. À un certain moment, l’un des jeunes, Uneven Steven (Charles Baird, convaincant comme tous ses partenaires) confie que 90 jours peuvent paraître bien longs. On aurait envie de lui répliquer que 90 minutes peuvent le paraître tout autant…
De fait, on trouve le temps bien long dans les corridors de cette école. Malgré tout, on finit par éprouver de l’empathie pour ces jeunes, même ceux qui a priori paraissent arrogants, égocentriques ou superficiels. À écouter leur désarroi, on se dit que le jeune réalisateur verse un peu, beaucoup, passionnément dans le pathos. C’est ainsi que l’on finit par se dire que tous pourraient bien avoir envie d’en finir. Puis, le drame arrive – était-il vraiment nécessaire de montrer l’acte violent? Tout ce sang sur le carrelage? Soudain, c’est la culpabilité qui nous hante. Certes, Thalluri aura réussi à nous manipuler tout au long du récit, car malgré l’attention qu’on porte aux gestes et aux paroles des personnages, il y a fort à parier que plusieurs se tromperont sur l’identité de la victime. Au-delà de la souffrance illustrée dans 2: 37, le plus douloureux sera peut-être de s’avouer que c’est souvent trop tard que l’on comprend les appels de détresse.
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