Nuri Bilge Ceylan : Arrêt sur image
Cinéma

Nuri Bilge Ceylan : Arrêt sur image

Le cinéaste turc Nuri Bilge Ceylan est l’objet d’une rétrospective proposée par la revue Hors champ en collaboration avec la Cinémathèque québécoise.

Avant de devenir cinéaste, Nuri Bilge Ceylan était photographe. Cela transparaît dans son oeuvre aux images d’une beauté et d’une pureté formelles, dans sa façon qu’il a de filmer "les histoires ordinaires des gens ordinaires", comme il l’a déjà exprimé au magazine Cinemaya, en s’attardant longuement, excessivement diraient certains, sur un détail en apparence anodin, un visage rêveur ou mélancolique, des êtres solitaires perdus dans un paysage désert, quitte à provoquer l’ennui, voire l’agacement, chez le spectateur.

Ce cinéaste-poète que l’on compare aux Tarkovski, Angelopoulos et Antonioni ne cherche pas à séduire à tout prix, ni à livrer des produits faciles à consommer. Se disant lui-même perfectionniste, ce réalisateur plusieurs fois primé pour ses envoûtantes et magnifiques oeuvres contemplatives n’aime pas s’entourer d’une grande équipe, préférant tourner avec ses proches et se charger du scénario, de la direction photo (évidemment!) et de la production.

Pour cet ingénieur de formation, l’aventure cinématographique débute tardivement. En 1995, alors âgé de 36 ans, il réalise le court métrage Koza, qui sera sélectionné à Cannes puis couvert de prix dans plusieurs festivals, où il raconte en une suite d’images symboliques comment deux septuagénaires ayant eu une existence pénible tentent de reformer leur couple. Deux ans plus tard, empruntant des répliques de Tchekhov, il signe Kasaba, Prix spécial du jury au Festival Premiers plans d’Angers, le destin d’une famille d’un petit village du point de vue de deux enfants. (28 avril, à 17 h, en présence de Simon Galiero)

En 1999, l’année où il accède à la reconnaissance internationale, Ceylan voit Nuages de mai (Mayis sikintisi), dans lequel un homme revient dans sa ville natale pour tourner un film, sélectionné à Berlin. (29 avril, à 19 h)

Du propre avis de Ceylan, Lointain (Uzak), Grand Prix et Prix d’interprétation masculine pour les deux acteurs à Cannes en 2003, est son film le plus autobiographique. Mettant en vedette son ami Muzaffer Özdemir et son cousin Mehmet Emin Toprak (décédé dans un accident de voiture le lendemain de l’annonce de la sélection du film à Cannes), Uzak oppose un photographe d’art qui fait de la pub pour survivre à son jeune cousin campagnard venu à Istanbul pour trouver du boulot. En résulte une fine réflexion sur l’art et la vie, légèrement teintée d’humour, que Ceylan illustre avec une surprenante économie de moyens. (28 avril, à 19 h)

Délaissant les rôles de producteur et de directeur photo pour Les Climats (Ilklimer), sélectionné à Cannes et prix de la FIPRESCI, Ceylan s’y met en scène avec sa femme Ebru Ceylan, objet de désir de Toprak dans Uzak, afin de tracer le portrait d’un couple à la dérive. Un film très lent aux plans fixes très longs où le cinéaste capte sublimement les tempêtes de l’âme. (2 mai, à 20 h 30, en présence de Nicolas Renaud)

Du 28 avril au 2 mai
À la Cinémathèque québécoise
www.cinematheque.qc.ca