Rétrospective David Lynch : L'étrange monsieur Lynch
Cinéma

Rétrospective David Lynch : L’étrange monsieur Lynch

David Lynch fera l’objet d’une rétrospective (presque) complète de ses oeuvres au Cinéma du Parc du 30 avril au 17 mai, à l’occasion de la sortie de son dernier opus Inland Empire.

On aurait aimé que cette rétrospective chargée commence avec les courts-métrages du cinéaste, histoire de comprendre un peu mieux d’où il vient artistiquement avant de s’attaquer à des monuments comme Blue Velvet ou Mulholland Dr. Mais ce n’est que le 5 mai que débutent les projections de David Lynch’s Short Films, une anthologie des courts tournés par le cinéaste entre 1968 et 1996.

Outre ses deux premiers courts métrages très expérimentaux (Six Men Getting Sick et The Alphabet), on aura le privilège de découvrir The Grandmother (1970), qui raconte pendant une demi-heure le calvaire d’un gamin maltraité par ses parents. L’enfant finit par trouver un certain réconfort auprès d’une grand-maman qu’il a extirpée de l’intérieur d’une plante bizarre ayant poussé sur son lit. Un film qui nous permet d’assister à la naissance d’un grand cinéaste. Voilà qui n’est pas rien.

Au programme des courts, mentionnons aussi The Amputee, dans lequel un infirmier nettoie le moignon ensanglanté d’une femme amputée des deux jambes, tandis qu’elle fume une cigarette en écrivant une lettre à son amoureux. Bienvenue dans l’univers étrange de monsieur Lynch.

Pour la majorité des cinéphiles, tout a commencé en 1977 avec Eraserhead, le premier long métrage de David Lynch, tourné sur une période de cinq ans entre 1972 et 1977. Un voyage hallucinant dans le labyrinthe mental de cet artiste dont toutes les obsessions sont déjà exposées à coeur ouvert dans ce coup d’essai mythique. Un des plus beaux cauchemars de l’histoire du cinéma.

Deux ans plus tard, Lynch se convertit au lyrisme victorien et pudique du sublime mélo The Elephant Man, qui lui donne la piqûre des budgets hollywoodiens. Lynch met alors en chantier son adaptation très coûteuse du légendaire Dune de Frank Herbert, un ratage spectaculaire qui recèle pourtant bien des trésors. Il s’agit du seul long métrage de Lynch à ne pas figurer dans la rétrospective du Cinéma du Parc. C’est dommage.

Après la débâcle de Dune, Lynch se réinvente avec Blue Velvet (1986), un thriller néo-noir férocement drôle. C’est avec ce film que Lynch confirme son talent pour filmer la vie comme si on avait l’impression de rêver. Et comme pour les rêves, ses films échappent de plus en plus aux contraintes de la réalité et du rationnel. Même la psychanalyse sous toutes ses formes ne peut pas tout expliquer des délicieux caprices narratifs de Lost Highway (1997) ou de Mulholland Dr. (2001), des oeuvres maîtresses qui ont permis une nouvelle fois aux détracteurs du cinéaste de s’étrangler de rage et de perplexité. Or, la clé pour apprécier les oeuvres de Lynch est pourtant simple. Il suffit de se laisser posséder par les ambiances et les émotions que le cinéaste convoque avec ses images et ses sonorités mystérieuses. Lynch, c’est tout simplement le cinéma à l’état pur. Voilà qui est si limpide.

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