Vues d’Afrique : Rêves d’exil
Le volet cinéma de Vues d’Afrique se termine le 29 avril. En attendant les films primés, Lettre du Sahara de l’Italien toujours actif Vittorio de Seta demeure un incontournable.
Les 23es Journées du cinéma africain et créole courent jusqu’à dimanche avec encore pas moins de 30 programmes. Sans compter que la journée de dimanche est réservée aux films primés dans les quatre catégories compétitives: Africa numérique, Regards d’ici, documentaire et fiction. Gardez l’oeil ouvert, des titres comme Kigali, des images contre un massacre, Mon colonel ou Ondes de choc sont parmi les films qu’il ne fallait pas rater.
À cette liste, il faut ajouter Lettre du Sahara dont une deuxième projection est prévue ce jeudi, à 18 h. Réalisée par l’octogénaire Vittorio de Seta, dernier représentant du néoréalisme italien, cette fiction (sa première depuis des lunes) est auparavant passée par la Mostra de Venise et les Rencontres Cinéma du Manosque (France), grâce à qui on a aujourd’hui une copie sous-titrée en français.
L’histoire en est une autre d’immigration, inépuisable sujet lorsqu’on réunit Afrique et cinéma. Comme beaucoup de jeunes Africains, Assane espère voir l’Europe comme un Eldorado. Dans son cas à lui, Sénégalais musulman, l’Italie est sa destination. Tenace, débrouillard et cultivé (étudiant en littérature, parlant un peu italien), il a le droit d’y croire puisqu’un ami l’attend à Naples, une cousine, à Florence…
Documentariste avant même d’être auteur de fictions, observateur bien avant d’être inventeur, Vittorio de Seta propose ici un regard d’ethnologue sur la réalité de l’immigration africaine. Que ce soit dans la très urbaine Italie ou, en épilogue, dans le village sénégalais d’Assana et sa réunion toute musicale, de Seta reprend sa signature qui l’a rendu célèbre lorsqu’il filmait les paysans italiens.
Souvent exempt de dialogues, le film livre bien les atmosphères d’exclusion et de solitude, d’incertitude et de remises en question propres au déracinement. Images brouillées, scènes en clair-obscur, bruits évocateurs… Malgré une trame frôlant parfois le pamphlet, Lettre du Sahara, réalisé par une équipe d’artisans européens, est une sorte de mea-culpa et, par le fait même, une ode à la réconciliation.
L’incontournable immigration est aussi au coeur de films sensibles comme Les Oiseaux du ciel (vendredi, 20 h 30). On se répète? Ne craignez rien, la vaste sélection de Vues d’Afrique renferme bien d’autres thématiques. À commencer par la vie dans les dunes et le voyage fantastique (pour enfants) que propose Gwen et le Livre de sable de Jean-François Languionie. Bien avant les Kirikou de Michel Ocelot, ce film d’animation de 1984 nous entraîne dans une Afrique souvent marginalisée, celle du conte (jeudi et samedi, 13 h 30).