Daft Punk’s Electroma : Des larmes de métal
Avec Electroma, le duo français Daft Punk délaisse la musique électronique pour s’aventurer du côté du cinéma et nous relater la triste déroute de deux robots en quête d’humanité.
Que Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo mettent en scène deux robots dans leur premier long métrage n’a rien de très étonnant. Ces deux amis d’enfance qui se sont fait connaître dans le monde entier en 1997 avec leur premier album Homework ne se dévoilent jamais le visage lors de leurs apparitions publiques, ils le cachent plutôt sous un casque de robot exactement comme ceux portés par les personnages d’Electroma.
Les compères n’en sont pas à leur première incursion dans le monde du cinéma puisqu’ils avaient signé le scénario et la musique d’Interstella 5555, un dessin animé de Leiji Matsumoto. La trame sonore d’Irréversible de Gaspar Noé était de plus une création de Bangalter.
Si, côté musique, Daft Punk nous balance un électro-house accrocheur et vivifiant, les deux robots d’Electroma (interprétés par Peter Hurteau et Michael Reich) semblent quant à eux envahis d’un mal-être existentiel. Dans la scène d’ouverture de près d’une dizaine de minutes, on les verra sillonner le désert en voiture pour se rendre à une séance de "chirurgie esthétique". Celle-ci a lieu dans un environnement graphique et épuré rappelant les décors du 2001: A Space Odyssey de Kubrick. Mais cette tentative de ressembler à des êtres humains échoue vite quand leurs ridicules masques qui leur donnent des airs figés et ahuris se mettent à fondre sous l’effet du soleil. S’ensuit une longue fuite à pied dans le désert qui se soldera par le suicide (ou devrait-on parler d’autodestruction?) des deux androïdes.
On décèle dans cette seconde partie de l’oeuvre, où les protagonistes s’enfoncent dans un paysage marqué par la désolation, d’évidentes références au Zabriskie Point d’Antonioni, au Paris, Texas de Wenders et au Gerry de Gus Van Sant. Bref, ce road movie mélancolique frôle par moments le pastiche et c’est d’ailleurs pourquoi l’oeuvre a reçu un accueil plutôt mitigé lors de sa projection à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes l’an dernier.
Ne comportant aucun dialogue et seulement quelques chansons tirées des années 70, l’oeuvre principalement constituée de plans fixes ou de longs plans-séquences laisse une grande place au silence et devient par moments assommante. Décidément, on préfère le duo derrière ses instruments.
Présenté une seule fois, le vendredi 11 mai à 23 h
À la Cinémathèque québécoise
Billets en vente à partir du mercredi 9 mai à 16 h
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