60e Festival de Cannes : Les Noces de diamants

"Grandes signatures et jeunes pousses", telle est l’expression de Gilles Jacob, président du Festival de Cannes pour décrire ce que l’on découvrira lors du 60e anniversaire du prestigieux festival où l’on nous promet de ne pas jouer la carte nostalgique. À preuve, on aura droit à un nouveau générique et à une nouvelle salle – même les portiers du palais ont changé de look. Le ton que l’on veut donner à cette 60e édition se devine sur l’affiche où les Binoche, Almodovar et Willis explosent de bonheur. Même les frères Dardenne ont l’air jojo aux côtés du souriant Wong Kar Wai… Aussi, 35 réalisateurs de 25 pays, dont Hou Hsiao Hsien, Alejandro González Iñárritu, Aki Kaurismaki et Abbas Kiarostami, ont signé Chacun son cinéma où ils explorent, en trois minutes, la salle de cinéma; pour sa part, David Cronenberg a préféré les toilettes. Si les 4000 journalistes invités fêteront jusqu’au 27 mai, les Cannois, souvent laissés-pour-compte durant les festivités, le feront toute l’année.

S’ouvrant avec My Blueberry Nights de Wong Kar-Wai (qui tourne pour la première fois en anglais), dans lequel la chanteuse Norah Jones se questionne sur l’amour en compagnie du suave Jude Law, le Festival de Cannes renouera avec les palmés Emir Kusturica qui suit un jeune homme ayant promis à son grand-père de se trouver une femme dans Promets-le moi; Gus van Sant qui traite d’un skater qui tue accidentellement un gardien de sécurité dans Paranoid Park; les frères Joel et Ethan Coen, qui proposent une cavale au Texas où Tommy Lee Jones met la main sur une valise pleine d’héroïne et d’argent dans No Country for Old Men; Quentin Tarrantino et son sanglant Death Proof auquel on aura ajouté un quart d’heure de plus.

Également en compétition, l’on retrouve Zodiac de David Fincher et We Own the Night dans lequel James Gray s’intéresse à la mafia russe avec Joaquin Phoenix et Mark Wahlberg. Représenteront l’Asie Breath du fascinant cinéaste sud-coréen Kim Ki-duk, La Forêt de Mogari de la lauréate de la Caméra d’or Naomi Kawase et Secret Sunshine de Lee Chang-dong, qui se penche sur les amours d’une prof de piano pour un vendeur de voitures.

Concourent aussi pour la palme d’Or De l’autre côté du jeune réalisateur allemand, d’origine turque, Fatih Akin, Alexandra d’Alexandre Sokourov qui avait signé la sublime Arche russe; The Man from London, une adaptation du roman de Simenon par le Hongrois Bela Tarr et mettant en vedette Tilda Swinton; 4 mois, 3 semaines et 2 jours, deuxième film du Roumain Cristian Mungiu; Izgnanie d’Andrey Zvyagintsev dont Maria Bonnevie sera la vedette.

Du côté des Français, l’on retrouve Les Chansons d’amour, une comédie musicale de Christophe Honoré, avec Louis Garrel et Ludivine Sagnier; Le Scaphandre et le papillon de Julian Schnabel, qui donnera la chance à Marie-Josée Croze de gravir de nouveau les marches du palais; Tehilim de Raphaël Nadjari, où deux jeunes enfants recherchent leur père à travers Jérusalem; pour leur part, Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud adaptent la bédé Persepolis qui raconte la société iranienne du point de vue d’une jeune fille et sa famille de Téhéran à l’aide des voix de trois remarquables actrices: Catherine Deneuve, Chiara Mastroianni et Danielle Darrieux. La sulfureuse Catherine Breillat fera-t-elle scandale avec son dernier-né, Une vieille maîtresse qui met en vedette la ténébreuse Asia Argento, également présente chez Olivier Assayas (Boarding), et Abel Ferrara (Go Go Tales)?

Parlant de possible "scandale"… Toujours en compétition, Carlos Reygadas, à qui l’on doit le percutant Batalla en el cielo, est de retour sur la Croisette avec Lumière silencieuse; réalisateur de Dog Days, Ulrich Seidl ne laissera sans doute personne indifférent avec Import Export.

Présidé par Stephen Frears, le jury sera, à l’instar du cabinet Charest, formé d’autant d’hommes que de femmes: Maggie Cheung, Toni Collette, Maria de Medeiros, Sarah Polley, Marco Belloccchio, Orhan Pamuk, Michel Piccoli et Abderrahmane Sissako.

Hors compétition, Michael Moore, celui qui a volé la vedette à Gael Garcia Bernal en 2004, reviendra avec Sicko dans lequel il s’intéresse au système de santé; Steven Soderbergh et son "all star cast", dont George Clooney et Brad Pitt, présenteront Ocean’s Thirteen, tandis que Michael Winterbottom proposera A Mighty Heart où Angelina Jolie incarne la femme de Daniel Pearl, journaliste assassiné par les Talibans.

Et, bien sûr, pour clore le tout en beauté, Marc Labrèche et Diane Kruger (première Allemande à faire office de maîtresse de cérémonie pour la soirée d’ouverture) escorteront Denys Arcand sur le tapis rouge afin d’y présenter la version préliminaire de L’Âge des ténèbres. Espérons seulement que la rumeur voulant qu’il s’agisse d’un Stardom en français soit erronée.