Black Book : Peut contenir des traces de nudité
Même avec Black Book (Zwartboek), film de guerre de facture classique, Paul Verhoeven trouve le moyen de mettre en valeur certains fruits défendus.
Plutôt discret ces dernières années, Paul Verhoeven n’avait rien fait voir de neuf depuis Hollow Man, en 2000. Le cinéaste se rappelle à notre souvenir avec un solide drame de guerre tourné chez lui, en Hollande, la mère patrie qu’il avait quittée au milieu des années 80 pour s’installer à Hollywood.
Projet longuement mûri et ambitieux, Black Book s’intéresse aux tribulations d’une jeune juive néerlandaise sous l’occupation allemande. Le récit, dérivé de faits vécus, développe un angle différent de celui défendu par les manuels d’histoire.
Ces ouvrages, typiquement, chantent les louanges de la résistance et dénigrent les collaborateurs. Or, tout n’est jamais tout à fait noir ni tout à fait blanc, nous indique Verhoeven. La réalité se colore plutôt de divers tons de gris. On a ainsi droit à un nazi doté de sentiments humains et à un maquisard qui cherche à s’enrichir sur le dos de ses compatriotes. Ouais…
Engoncée dans un long flash-back, l’histoire débute sur les retrouvailles de Rachel (Carice Van Houten) et de Ronnie (Halina Reijn), qui ont toutes deux travaillé pour les Allemands une dizaine d’années auparavant. Cette rencontre fortuite replonge Rachel dans ses souvenirs. Elle se rappelle comment, après que sa famille ait été exécutée sous ses yeux, elle a été recueillie par des membres de la résistance. Puis que, pour aider à délivrer des camarades prisonniers, elle s’est offerte au commandant Müntze (Sebastian Koch), dont elle est tombée amoureuse. À la fin de la guerre, ses efforts ne seront pas bien compris par des compatriotes assoiffés de vengeance.
S’il disperse quelques bribes de réflexion çà et là – un prisonnier juif vaut-il plus qu’un prisonnier néerlandais? se demandent nos héros à un moment donné -, Black Book est essentiellement un film d’action qui bénéficie d’une cadence soutenue et d’une réalisation de métier. Après tout, ce vieux routier de Verhoeven connaît la mécanique: pensons à RoboCop et à Total Recall.
Également connu pour ses excès, Verhoeven ne peut malheureusement s’empêcher de dévoiler les charmes de son héroïne avec une frivolité agaçante. Et on ne dira rien d’une autre scène, vraiment cauche(marde)sque – la parenthèse n’est pas innocente -, qui atteste que le réalisateur de Showgirls n’est pas tout à fait rentré dans le rang…
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