Paris, je t’aime : Coeur de Parisienne
Dans Paris, je t’aime, 18 cinéastes de partout au monde composent une ode à la Ville Lumière.
Durant le Festival de Cannes présentement en cours, le critique américain Mike D’Angelo tente une expérience inusitée: ne pas du tout consulter le programme et s’efforcer de ne rien savoir des films ou de leurs réalisateurs avant de s’asseoir dans la salle. Son but est d’éviter d’avoir des idées préconçues et de découvrir s’il est capable de reconnaître instinctivement le style d’un cinéaste. Paris, je t’aime aurait été l’occasion rêvée de s’essayer à ce même jeu en version express, 18 réalisateurs se passant le relais aux cinq minutes. Or, chaque segment étant signé d’emblée, impossible de confirmer si la griffe de certains auteurs est bel et bien indubitable, mais c’est néanmoins l’impression qui ressort.
Qui d’autre que Gus Van Sant (Elephant) aurait agencé aussi joliment la rencontre entre deux éphèbes? Un autre cinéaste est-il aussi friand de plans séquences qu’Alfonso Cuarón (Children of Men), dont la caméra suit sans interruption la craquante Ludivine Sagnier et un Nick Nolte grommelant en franglais pendant qu’ils marchent le long d’une rue? De même, Olivier Assayas nous rejoue presque exactement le refrain de son Clean, se contentant de remplacer une Maggie (Cheung) par une autre (Gyllenhaal) dans le rôle d’une artiste junkie.
Trois cas sont encore plus flagrants et, incidemment, s’avèrent être les moments forts du film: Sylvain Chomet (Les Triplettes de Belleville) nous offre un véritable dessin animé vivant, dans lequel un "con de mime" se balade autour de la Tour Eiffel; Tom Tykwer (Cours Lola Cours) multiplie les accélérés et les effets de montages frénétiques pour raconter en quelques minutes toute l’histoire d’amour entre un aveugle et une actrice (l’irrésistible Natalie Portman); les frères Coen (The Big Lebowski) démontrent une fois de plus leur incroyable maîtrise visuelle et leur sens de l’humour tordu, en plus de permettre à Steve Buscemi de livrer une hilarante performance muette.
Par contre, certaines contributions ne se distinguent pas, avec leurs images de Paris platement pittoresques et leurs amourettes convenues; d’autres reposent plus sur les acteurs que sur la mise en scène et dans quelques autres cas, on sent que les réalisateurs suivent leur muse, mais les résultats ne sont pas particulièrement concluants. Néanmoins, malgré l’inévitable inégalité de l’entreprise, Paris, je t’aime recèle assez de moments de grâce pour justifier le voyage.
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