El Violín : Armé des cordes d'un violon
Cinéma

El Violín : Armé des cordes d’un violon

El Violín, petit film indépendant de Francisco Vargas destiné aux grands honneurs, dépeint les sociétés qui marginalisent les populations paysannes.

Film sur la résistance paysanne, fiction certainement politisée, avec une guérilla tenace mais fragile d’un côté, une armée affamée et violente de l’autre, El Violín (Le Violon) n’a pourtant pas que la guerre comme propos. Ses choix esthétiques (dont des images entièrement en noir et blanc), ses belles incertitudes, le recours aux chants populaires… Il y a de la poésie dans l’air.

Fort de ses "onze prix et six nominations", ce premier long métrage du Mexicain Francisco Vargas arrive accompagné de très bons échos. Au Mexique, il fait sensation, jouant au coude à coude, en termes de recettes, avec Spider-Man 3. Dans un pays où même le phénomène Carlos Reygadas souffre de l’étiquette cinéma d’auteur, El Violín prouve que l’industrie nationale peut trouver sa voie dans un genre autre que celui calqué sur Hollywood.

On ne peut faire autrement que de penser à la révolte zapatiste dans cette histoire mettant en scène trois générations d’une même famille (le vieux violoniste, son fils guérillero et l’enfant de celui-ci). Les montagnes touffues du Sud, la clandestinité, les militaires oppresseurs… Pourtant, aucune précision n’est donnée. On pourrait aussi bien être dans le Guatemala des années 80 ou dans la Colombie des FARC.

La trame narrative, solidement ancrée dans le suspens, nous emmène aux confins de la lutte armée. C’est à travers le violon, élément-clé de la culture populaire mexicaine, que le réalisateur-scénariste signe une métaphore d’une crise sociopolitique. Le violon, c’est d’abord la voix étouffée des populations marginalisées. Leur dernière arme. Il permet de montrer autant leur débrouillardise que la cacophonie des militaires. Enfin, il demeure le dernier lien possible avec l’ennemi. Il sert au dialogue. Et de piège.

Plutarco, le violoniste octogénaire, est interprété de façon magistrale par Angel Tavira, acteur non professionnel. Et son duel avec le Capitaine, tout musical et plein de sous-entendus qu’il soit, offre des moments de grande intensité, au-delà de la représentation de la rencontre avec le bourreau, un des codes du cinéma auxquels Vargas fait sagement appel. Ce qui nous vaut un film intense, dont l’esthétique brutale sert la critique sociale. Tout n’est pas si noir et blanc; il s’agit de faire les bons choix.

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