Ensemble, c’est tout : L’union fait la force
Dans Ensemble, c’est tout, adaptation du roman d’Anna Gavalda par Claude Berri, quatre individus tentent d’apprivoiser ensemble le bonheur.
La brique d’Anna Gavalda, publiée en 2004, fait près de 600 pages. Or, grâce à un esprit de synthèse remarquable – il est vrai que le réalisateur s’est déjà frotté aux Pagnol (Jean de Florette, Manon des Sources) et Zola (Germinal) -, Claude Berri a réussi l’exploit de raconter en moins de deux heures les tribulations de ces personnages qui ont attendri le coeur de milliers de lecteurs, tout en préservant l’essence, particulièrement les dialogues vifs et pétillants, d’Ensemble, c’est tout.
Évidemment, comme pour toute adaptation littéraire, des sacrifices s’imposaient. C’est ainsi qu’auront disparu au cours de l’exercice, pour lequel Berri a reçu la bénédiction de l’auteure, quelques personnages secondaires, lesquels aidaient le lecteur à percer le mystère des quatre principaux protagonistes. Sans nuire au bon déroulement du récit, ces choix feront toutefois apparaître ces derniers, aux yeux de celui qui n’aura pas lu le roman, qu’on ne peut que dévorer soit dit en passant, peu attachants, voire antipathiques.
Pourtant, petit à petit, grâce à la mise en scène assurée de Berri, qui s’attarde à nous faire découvrir discrètement le charme désuet de ce trop grand appart devenu arche de Noé des âmes perdues, et grâce au talent des interprètes, dirigés de main de maître, la magie opère et l’on voudra tout savoir de ces quatre individus appelés à vivre ensemble.
Il y a d’abord la grand-mère Paulette (touchante Françoise Bertin), trop vieille pour prendre soin d’elle, et son petit-fils Franck (Guillaume Canet, d’une belle fragilité), cuisinier mal engueulé tirant le diable par la queue. Vient ensuite Camille (Audrey Tautou, qui enfin ne la joue plus mignonne gamine), femme de ménage solitaire et dessinatrice hors pair. Puis, bien sûr, Philibert (délicieux Laurent Stocker), cet aristo bègue, coincé et souffrant de mille et un TOC, qui les accueillera chez lui.
Interprétant ces êtres que tout sépare, les acteurs font montre d’une telle complicité à l’écran que, grâce à eux, l’univers de Gavalda s’incarne de façon vivante, charmante et attendrissante. Si les uns courront à la librairie se procurer le livre, tandis que les autres voudront sûrement le redécouvrir, parions que tous ensemble, ils n’écouteront plus À bicyclette d’Yves Montand de la même façon…
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