Présence autochtone : Solstice cinématographique
Cinéma

Présence autochtone : Solstice cinématographique

Présence autochtone se poursuit jusqu’au 21 juin avec plusieurs films extraordinaires, et pas seulement à cause de leur origine.

La pièce de résistance est sans contredit Tuli, du Philippin Auraeus Solito, une oeuvre qui surprend dès les premières images. Un homme affûte un couteau, assis sur le bord d’un étang. Quatre gamins accourent, et l’homme leur demande sans préambule: "Alors, qui va se faire circoncire?" La séquence qui suit fait grincer des dents, certes, mais surtout beaucoup rire! L’absurdité et l’humour sexuel de cette scène ressurgissent régulièrement par la suite, mais le film présente aussi beaucoup de moments d’une grande beauté ainsi que des passages plus dramatiques impliquant des réalités difficiles, soit la violence domestique, l’alcoolisme et l’intolérance. Au centre de tout ceci se trouve la fille du circonciseur (merveilleusement interprétée par Desiree Del Valle), qui s’amourache tour à tour d’une autre femme et d’un jeune homme qui a encore son prépuce, ce qui, dans les deux cas, choque les autres habitants du village. Filmé de façon à la fois naturaliste et lyrique, Tuli s’apparente au cinéma de Terrence Malick, mais avec ce ton irrévérencieux qui s’ajoute ainsi qu’une insolite dimension religieuse. Une bonne part du récit se déroule un Vendredi saint, ce qui donne lieu à des processions religieuses incluant de l’auto-flagellation et une mise en scène de la Passion du Christ. Ces éléments s’agencent en un film unique et superbe, à voir absolument.

Moins maîtrisé, mais tout de même impressionnant, Eréndira ikikunari, du Mexicain Juan Mora Catlett, raconte l’histoire vraie d’une adolescente qui, au début du 16e siècle, s’est attaquée aux Conquistadors espagnols, alors que la majorité de ses compatriotes P’urhépecha se soumettaient ou s’entretuaient entre eux. Un croisement entre la légende de Jeanne d’Arc et Apocalypto de Mel Gibson (sacrifices humains et combats sanglants à l’appui), Eréndira ikikunari présente aussi des séquences surréalistes à la Jodorowsky et des interludes illustrés.

Un volet intéressant du festival cette année est la présentation de courts métrages réalisés dans le cadre de la Course autour de la Grande Tortue, une émission de télévision réalisée par de jeunes autochtones. Parmi les oeuvres retenues, on remarque Les Gardiens de la terre, d’Évelyne Papatie, qui documente la lutte d’Algonquins s’opposant aux coupes à blanc sur leur territoire, avec des témoignages incriminants et des images encore plus accablantes. Dans un registre plus (débile) léger, Le 1er du mois, de Chanouk Newashish, est un hilarant dessin animé lo-fi à la South Park dans lequel trois jeunes se remémorent leur soirée bien arrosée de la veille. "Tu te souviens pas de ce qui s’est passé hier soir? Tu t’es battue avec un carcajou!"

Plusieurs évènements spéciaux sont aussi à noter. Les 16 et 18 juin, les projections de Ma part manquante, d’Aurélie Resch, seront suivies d’un atelier sur la généalogie amérindienne. Le 19 juin aura lieu une soirée spéciale Wapikoni mobile, en présence de certains des cinéastes parrainés par Manon Barbeau et son équipe. Enfin, le 20 juin, une classe de maître sera donnée par Richard Desjardins et Robert Monderie, qui mettent présentement la touche finale à un documentaire sur les Algonquins.

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