Triad Election : Le combat des chefs
Cinéma

Triad Election : Le combat des chefs

Triad Election, film de gangsters de Johnnie To, est vif de la gâchette et de la machette.

Son mandat de deux ans arrivant à terme, Lok (Simon Yam) sera bientôt remplacé à la tête de Wo Sing, la triade la plus ancienne de Hong Kong. Certains de ses protégés ne cachent pas leurs prétentions au trône. Ironiquement, le candidat dont les chances sont les meilleures n’a pas l’intention de poser sa candidature: Jimmy (Louis Koo), bandit raffiné, est plutôt intéressé à développer ses affaires avec la Chine. Mais les autorités chinoises, qui l’ont à l’oeil, lui font comprendre qu’il est dans son meilleur intérêt d’accepter le poste. Avec Jimmy à la tête de l’organisation criminelle, le climat social sur le territoire hongkongais serait plus stable, il va sans dire. Mais la chose n’est pas faite: Lok lui-même décide de solliciter un second mandat, au mépris des règles. L’élection ne sera pas de tout repos.

Reprenant essentiellement le canevas d’Election, sorti tout récemment, Triad Election dépeint l’univers des triades de Hong Kong avec un souci anthropologique aigu. Le réalisateur, Johnnie To, semble moins intéressé à développer l’intrigue, somme toute accessoire, qu’à comprendre ses personnages et à mettre en lumière leurs motivations. Le cinéaste s’emploie à cette tâche de manière rigoureuse. Les comédiens, tous excellents, se prêtent volontiers au jeu.

La lutte de pouvoir mise en scène par To permet de déployer un éventail humain fascinant. Étonnant Jimmy, partagé entre sa bonne et sa mauvaise conscience, et dont la fibre violente se manifestera lors d’une séquence d’anthologie – instruments sollicités: un couteau de boucher et un moulin à viande. Troublant Lok, au sourire trompeur, capable d’une cruauté sans nom – il se rendra coupable d’un impardonnable manque de respect aux aînés du clan.

Portrait d’une société criminelle ancienne reconfigurée par la modernité, Triad Election s’intéresse à la perte de repères et aux troubles identitaires propres à l’époque: les triades ne sont pas épargnées par les bouleversements qu’a entraînés la rétrocession de Hong Kong à la Chine, en 1997.

Plus virulent et plus tendu que le chapitre précédent, Triad Election est ponctué de violences d’autant plus troublantes qu’elles sont administrées de sang-froid. Conséquemment, on en sort secoué, à la fois révulsé et captivé, et pas du tout certain que ces élections ont couronné un chef qui durera. L’opposition sera sans merci.

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