Fantasia : C'est l'apocalypse!
Cinéma

Fantasia : C’est l’apocalypse!

Du 5 au 23 juillet, Fantasia donne aux cinéphiles la chance de fuir le cinéma à numéros en leur offrant plus de 375 films axés sur l’imaginaire. Survol de la première semaine en compagnie du nouveau programmateur Simon Laperrière.

Parmi les sections concoctées par l’équipe du festival, mentionnons d’abord la bien nommée Hell Is a City: The Cinema of Urban Apocalypse, laquelle donnera peut-être envie aux citadins purs et durs de fuir vers la campagne…

Réalisé par David Bruckner, Dan Bush et Jacob Gentry, The Signal nous convie à un jour de l’An des plus violents et déjantés alors qu’un mystérieux signal électronique transforme les gens en tueurs sanguinaires. "Cette histoire est racontée en trois chapitres, chacun écrit et réalisé par un cinéaste différent. On passe du drame d’horreur à la comédie sans jamais perdre le rythme. Un cadavre exquis pas mal intéressant", avance Simon Laperrière, que Mitch Davis, directeur de la programmation, voit comme "le futur de Fantasia grâce à ses goûts judicieux, informés et progressistes et à son intuition remarquable". (6 et 13 juillet)

Sur un mode plus dramatique et intimiste, mais tout aussi angoissant, Right at Your Door, de Chris Gorak, met en scène un homme qui doit choisir entre sa femme et sa propre vie le jour où des engins radioactifs explosent à Los Angeles. En prime, une finale inattendue et cruelle. (10 et 11 juillet, en présence du réalisateur)

SEXPLOITATION

Vedette de Scream, l’acteur-scénariste-réalisateur David Arquette propose The Tripper, une comédie d’horreur où un homme déguisé en Ronald Reagan tue à coups de hache de jeunes hippies (dont Jason Mewes et Lukas Haas) venus batifoler en forêt. Joyeusement débile et gentiment subversif, malgré sa charge antirépublicaine. Ça sent la nouvelle franchise à plein nez! (11 juillet, en présence du réalisateur… et peut-être de Courtney Cox qui y fait une courte apparition)

Pas assez de nudité chez Arquette? Rabattez-vous sur Viva, d’Anna Biller, actrice, scénariste, réalisatrice, monteuse et productrice, lequel, selon Laperrière, serait "le parfait hommage aux films de sexploitation des années 70. Les décors, les accessoires et les costumes sont d’une grande beauté, un véritable régal pour les yeux"! D’accord, mais un pastiche réussi d’un mauvais film est-il un bon film? (8 juillet, en présence de Biller et de l’acteur-producteur Jared Sanford)

Réalisateur à la réputation sulfureuse, Bill Zebub signe Assmonster dans lequel il interprète un raté qui décide de faire un film d’horreur avec ses potes paumés et de jolies filles à poil: "L’un de mes coups de coeur! lance le jeune programmateur. Le résultat est une comédie qui rappelle La Nuit américaine (version New Jersey sans budget) avec des dialogues égalant ceux de Kevin Smith." Quelque chose me dit que cette comédie n’est pas loin de la réalité… (10 juillet, en présence du réalisateur)

RÉALITÉS TROUBLANTES

Pour percer davantage l’énigme Zebub, voyez l’inquiétant et très intéressant S&ManJ.T. Petty interroge le voyeurisme des cinéastes et amateurs d’horreur. Un documentaire qui changera sûrement votre façon de voir les films d’horreur… (8 juillet, en présence du réalisateur)

Tout aussi dérangeant avec ses propos et images-chocs est Your Mommy Kills Animals, un documentaire de Curt Johnson qui s’intéresse aux activistes pour la protection des animaux. Coeurs sensibles, s’abstenir. (7 et 9 juillet, en présence du réalisateur)

GRIFFES ASIATIQUES

Fidèle à lui-même, Fantasia offrira des perles d’Asie, dont TimeKim Ki-duk s’interroge sur la durée d’un couple dans ce récit d’une jeune femme qui décide de changer de visage afin de reconquérir son amoureux. Torturé et pervers à souhait. Précédé du sexy et ironique High Maintenance, de Philip Van. (5, 6 et 8 juillet)

Le couple est aussi au coeur de Diary d’Oxide Pang où une jeune schizophrène s’éprend du sosie de son ex-petit ami. Un film atmosphérique et déroutant dont le fond autant que la forme épousent parfaitement l’état d’esprit de l’héroïne. (8 et 9 juillet)

Drame familial de Patrick Tam, After This Our Exile suit la déchéance d’un gambler et de son jeune fils après le départ de la mère de ce dernier. Un mélo déchirant et sordide raconté avec beaucoup d’humanisme. (11 et 13 juillet)

Découvert dans The Host, le sympathique Song Kang-ho interprète un gangster qui rêve de couler des jours tranquilles avec sa famille dans la cocasse et touchante comédie de Han Jae-rim, The Show Must Go On. (8 juillet)

Film idéal pour ceux qui ont été séduits par Crouching Tiger, Hidden Dragon, le magnifique The Banquet de Feng Xiaogang transpose Hamlet dans la lointaine Chine impériale. Au menu, la très belle Zhang Ziyi en impératrice insatiable et de superbes combats chorégraphiés par Yuen Woo-Ping. (7 et 23 juillet)

Chouchou des adeptes de Fantasia, Takeshi Miike raconte dans Big Bang Love: Juvenile A la tumultueuse relation entre deux jeunes prisonniers. Des images d’une beauté crépusculaire, des dialogues poétiques, une mise en scène inventive empruntant par moments à Dogville et une finale que nous nous mourons de voir puisque la copie de presse ne nous a fait voir que les trois quarts du film. (11 juillet)

Autre chouchou du festival, Son Siono explore l’élément le plus horrifiant du J-horror: la longue tignasse noire. Malgré tous ses efforts, louables au demeurant, Exte: Hair Extensions ravira davantage les trichophiles (fétichistes du poil et des cheveux) que les amateurs d’horreur. (10 juillet, en présence du réalisateur)

CÔTÉ COURTS

Cette année, Fantasia présentera pas moins de 23 programmes de courts métrages, parmi lesquels Small Gauge Trauma 2007 où vous pourrez voir le sensuel et organique Protocole 33, de Benoît Lestang, l’amusant slasher Deadly Tantrum, de Mike Mort, et The Demonology of Desire, film d’horreur d’ados cruel, tordu et sanglant de Rodrigo Gudiño. (12 juillet)

Chez les Québécois, attirons l’attention sur l’angoissant Deaddolls, de Jean-François Pilon, et Möbius, où Patrice Charbonneau s’inspire de l’univers de Philip K. Dick (programme 1, 8 juillet), de même que sur le décalé Neuf, de Martin Talbot, et le bouleversant Screentest: Karen Elkin de Mathieu Grondin. (programme 2, 10 juillet)

Enfin, comment passer sous silence l’irrésistible absurdité d’Esbark sur la planète des chips magiques de Simon Lacroix? (Courts métrages québécois DIY 1, 11 juillet) Que nous réserve Shut-Eye Hotel de l’irrévérencieux Bill Plympton? (Au-delà de l’animation, 6 juillet) Et quel sort connaîtront les héros de notre jeunesse dans Red Ketchup Mission: Top Secret, de JeF Grenier, et Le Mariage de Batman, d’Éric Lavoie? (Les gros bras font du cinéma, 10 juillet) Décidément, il sera interdit de s’ennuyer en juillet.

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