Fantasia / Maurice Devereaux : Le dernier métro
Cinéma

Fantasia / Maurice Devereaux : Le dernier métro

À Fantasia, Maurice Devereaux présentera End of the Line, long métrage de la section Hell Is a City: The Cinema of Urban Apocalypse. Rencontre.

Dans son dernier film, le réalisateur montréalais Maurice Devereaux dépeint rien de moins que la fin du monde, du point de vue de divers gens pris dans les trains et tunnels du métro de Toronto lors du jour du Jugement. Malgré un budget limité (le film a été produit indépendamment des instances gouvernementales), Devereaux refuse de restreindre son imagination: "Ça a toujours été mon plus grand défaut, raconte le cinéaste. Mes ambitions sont toujours beaucoup plus grandes que mes moyens. J’ai fait un film avec des scènes médiévales (Lady of the Lake), mon autre film se passait au Japon (Slashers)… End of the Line aussi, je l’ai écrit en me laissant aller."

Contrairement aux héros de la majorité des récits du genre, ceux d’End of the Line sont attaqués non pas par des créatures monstrueuses, mais par de bons petits chrétiens qui entreprennent de sauver l’âme de tous les non-croyants du monde en les tuant avec des crucifix-poignards. "Il y a une énorme montée de la droite chrétienne aux États-Unis, qui est en train de s’implanter au Québec aussi d’une façon hallucinante. On a souvent tendance à pointer du doigt certaines religions, mais pour moi, toutes les religions du monde peuvent mener à de l’extrémisme parce que quand on a foi en des histoires farfelues, on peut se faire mener en bateau assez facilement par les gourous. À travers l’histoire de l’humanité, la religion a toujours été le meilleur prétexte pour faire faire des choses atroces à des gens."

Avec son film, Devereaux nous fait aussi réaliser à quel point le métro peut être un environnement inquiétant: "Même si on n’est pas claustrophobe, ce n’est pas le meilleur endroit où se retrouver. Quand ça se passe dans des lieux ouverts, c’est moins épeurant parce qu’il y a plus d’échappatoires. Il y a quelque chose de très primaire dans cette crainte d’être pris au piège, sans issue."

End of the Line porte la marque des Romero, Argento et Carpenter, ainsi que d’un certain cinéaste canadien, confie Devereaux: "J’adore Cronenberg, qui a d’ailleurs fait ses premiers films à Montréal. Je me suis toujours dit que si Cronenberg avait tourné en français, peut-être que les institutions seraient plus ouvertes aux films de genre."

C’est que le cinéma fantastique, bien qu’immensément populaire, comme le prouvent les foules à Fantasia, demeure marginal dans le milieu québécois. "Beaucoup de gens snobent les films d’horreur, déplore Devereaux. Il faut dire que souvent, c’est de la merde, mais il y a aussi des chefs-d’oeuvre. Si tu évoques The Shining, ils répondent: "Ça c’est pas pareil, c’est un film de Kubrick." Mais des Shining, il y en a d’autres! Il y a de très bons films d’horreur qui ne sont pas juste des prétextes à de la violence, qui parlent de certaines choses. En tant que spectateur, c’est ceux-là que je retiens et c’est ça que j’espère pouvoir faire. Quelque chose qui divertit mais qui n’est pas complètement vide."

Le 13 juillet au Théâtre Hall

À voir si vous aimez
Rabid de David Cronenberg
Assault on Precinct 13 de John Carpenter
Subway de Luc Besson