Fantasia : L’inquiétante étrangeté
Dernier tour de piste pour Fantasia, qui réserve jusqu’au 23 juillet plusieurs surprises aux cinéphiles avides de découvertes.
L’ouverture de The 4th Life, un plan de filles s’embrassant, établit le ton d’emblée, mais les scènes récurrentes de lesbiennes à poil n’en sont pas le seul intérêt. On se laisse envoûter par cette histoire d’amour tragique racontée de façon non-linéaire, alors qu’enfance horrible, adolescence délinquante et vie adulte posée s’emmêlent dans la tête de la blonde Marie (Janet Lane) juste comme son ex obsessive, la brunette Caz (Andrea Sheldon), s’immisce à nouveau dans son existence. Avec son parfum saphique, son climat angoissant, son enchevêtrement de songe et de réalité, sa déviation des codes du film noir et ses touches surréalistes, ce long métrage de François Miron doit une lourde dette au Mulholland Dr. de Lynch. Ceci n’enlève toutefois rien à la maîtrise visuelle et à la complexité de l’environnement sonore de l’oeuvre. (19 juillet)
PLAISIR ÉQUESTRE
Un homme meurt au bout de son sang, son côlon ayant été défoncé lors d’une relation sexuelle avec un étalon – pas un amant viril, littéralement un cheval. Zoo aurait pu tomber dans le sensationnalisme, mais Robinson Devor l’évite admirablement. Avec ses images élégiaques et sa musique atmosphérique, le film s’apparente en fait à ceux d’Errol Morris. Les témoignages de zoophiles sont crus, mais aussi empreints de spiritualité et de philosophie, les intervenants s’avérant relativement lucides dans leur déviance. (20 et 22 juillet)
The Wizard of Gore, de Jeremy Kasten, un remake du film de H.G. Lewis, s’inscrit dans la même lignée que The Illusionist et The Prestige, mais ne possède ni leur génie formel ni leur astuce narrative. Les amateurs de gore et de nudité (plusieurs stripteaseuses tatouées du site Suicide Girls y apparaissent) seront toutefois rassasiés, tout comme les fans de Crispin Glover, absolument délirant dans le rôle-titre. (20 juillet)
DERRIÈRE LA CAMÉRA
Cinq documentaires de Yves Montmayeur seront présentés d’ici la fin du festival: Ghibli et le mystère Miyazaki, sur le maître du film d’animation (19 juillet); Hong Kong Film Noir, à propos de la nouvelle vague de polars hongkongais tels que ceux de Johnnie To (20 juillet); In the Mood for Doyle, un fascinant portrait de Christopher Doyle, directeur photo virtuose (ChungKing Express, Hero, etc.) et, selon ses propres dires, "un peu dingue" (20 juillet); Electric Yakuza go to Hell!, sur celui qui tourne plus vite que son ombre, Takashi Miike (21 juillet); et Les Enragés du cinéma coréen, qui se penche sur Park Chan-wook et ses compatriotes (23 juillet).
ZAPPING
Après avoir triomphé vendredi dernier contre Total Crap (qui ont tout de même offert toute une performance!), DJ XL5 remet ça cette semaine avec la présentation de son Kaleidoscopic Zappin’ Party, qu’il annonce comme son plus ambitieux programme et celui où la plus grande place est faite aux oeuvres locales, avec notamment des primeurs de Simon Lacroix, Dead Cat Films, Kramtemps et RoadKillSuperstar. (20 juillet)
Le DJ nous a d’ailleurs fait part de quelques dernières suggestions pendant que nous l’avions au bout du fil: la satire apocalyptique The World Sinks Except Japan (22 juillet), le film d’action City of Violence (20-22 juillet), ainsi que Zebraman, de Miike (21-22 juillet) et Retribution, de Kiyoshi Kurosawa (23 juillet).