Pars vite et reviens tard : Panique sur Paris
Cinéma

Pars vite et reviens tard : Panique sur Paris

Dans Pars vite et reviens tard, de Régis Wargnier, la Ville Lumière sert de théâtre à une sombre histoire de meurtres.

Paris. Aujourd’hui. Le commissaire Adamsberg (José Garcia, efficace) se frotte à une affaire intrigante: quelques morts présentant les symptômes de la peste laissent présager, au premier coup d’oeil, un retour de la mort noire. Les victimes sont retrouvées nues, leur corps marqué au charbon. On effectue des tests en laboratoire. Il faudra attendre avant de savoir ce qu’il en est. L’enquête piétine. Il est quand même établi que le virus aurait été semé par un méchant. Or, pas de suspects en vue. Et aucun flash ne vient aiguiller l’instinctif Adamsberg, qui nage en plein brouillard. Le policier trouve un allié en Hervé Decambrais (le récemment défunt Michel Serrault, solide), septuagénaire au passé trouble, qui s’est intéressé au dossier en dilettante. Soudain, les choses débloquent…

S’inspirant du roman de l’écrivaine Fred Vargas, Régis Wargnier (Indochine, Est Ouest) place ses billes d’habile façon. Le climat d’étrangeté opère d’entrée de jeu. Paris, cité lumière, paraît froide et souffreteuse – l’emploi de chromes qu’on dirait moyenâgeux est particulièrement heureux.

Les prémisses sont prometteuses: le drame à venir est annoncé par un crieur (Olivier Gourmet, excellent) qui, chaque jour, livre des messages d’intérêt public place Beaubourg. Parmi ces missives, des mots inquiétants, annonçant la fameuse peste. On s’attend alors à ce que la menace prenne un tour cataclysmique. Que le Tout-Paris devienne un immense théâtre morbide – comme New York dans les films catastrophes hollywoodiens.

Malheureusement, la chose passe rapidement du global au particulier. En ramenant le sujet à une histoire personnelle, l’élan qui portait le film est coupé net. On part ensuite à la chasse au coupable. Coupable qui demeure dans l’ombre trop longtemps et qui se révèle décevant – on aurait cru à un maître criminel, on a droit à un petit filou sous-qualifié pour le rôle.

Et le mystère, dissipé à la va-vite, tombe à plat. La faute à une progression dramatique anémique et à plusieurs incohérences scénaristiques – le script a été conçu à 10 mains… Tout n’est pas à jeter, cela dit. Soulignons l’excellence des seconds couteaux (Serrault et Gourmet, surtout), ainsi que l’épilogue, touchant, qui rappelle l’humanité de personnages plus intéressants à observer dans l’émotion dans que dans l’action.

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