Sweet Mud : Femme de personne
Cinéma

Sweet Mud : Femme de personne

Sweet Mud (Adama Meshuga’at), de Dror Shaul, raconte le triste sort d’une femme habitant dans un kibboutz en Israël.

Deuxième long métrage du réalisateur israélien Dror Shaul (Sima Vaknin Machsefa), Sweet Mud, récit d’apprentissage raconté à hauteur de gamin, laisse croire que Shaul n’a pas que de bons souvenirs de son enfance passée dans un kibboutz.

Campé dans les années 70, Sweet Mud met en scène un garçon de 12 ans, Dvir (Tomer Steinhof, juste), dont le père est décédé, le frère aîné s’est enrôlé dans l’armée et la mère souffre d’un équilibre mental instable. Resté au kibboutz avec sa mère Miri (Ronit

Yudkevitch, déchirante), Dvir découvrira la cruauté et l’hypocrisie des habitants du kibboutz lorsque Stéphan (Henri Garcin, correct), le petit ami de sa mère, un restaurateur suisse, s’installera quelque temps au sein de la communauté.

Si le mot "kibboutz" évoque chez certains les plaisirs du retour à la terre et de la vie communautaire, le portrait grinçant et accusateur qu’en trace Shaul dans Sweet Mud, Prix du jury pour le meilleur film dramatique étranger à Sundance en 2007, ébranlera peut-être leurs croyances idylliques. Dans la petite communauté qu’il dépeint, malheur à celui qui n’entre pas dans le rang. Ainsi, hormis ses fils, peu démontreront de l’empathie envers la malheureuse Miri. Tout occupés qu’ils sont à travailler la terre, les tourments d’une mère de famille monoparentale désespérément à la recherche d’un mari ne sont qu’un frein au bon déroulement de leur grille-horaire.

S’attachant au fil des saisons et misant très souvent sur le charme de la vie en plein air, le réalisateur offre une vision qui n’a pourtant rien de bucolique. Au contraire, la vie de kibboutz s’apparente chez lui à une forme d’esclavage où les parents sont séparés de leurs enfants afin de pouvoir vaquer davantage à leurs nombreuses corvées – ce système a par ailleurs été modifié dans les années 80.

Au final, on retiendra que Shaul a joué à fond la carte du mélodrame par le biais de la mère, mais qu’il a négligé d’observer avec plus de nuance les gens qui l’entourent. Ainsi, peuplé de personnages détestables et bornés, l’univers aliénant de Sweet Mud ressemble finalement plus à un règlement de compte qu’à une réelle remise en question d’un mode de vie.

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