Shoot ‘Em Up : Pow, pow, t'es mort!
Cinéma

Shoot ‘Em Up : Pow, pow, t’es mort!

Shoot ‘Em Up est un film d’action délirant s’apparentant autant aux films de John Woo qu’aux Looney Tunes. Rencontre avec le réalisateur Michael Davis.

Dans une des scènes les plus mémorables de Hard-Boiled, de John Woo, Chow Yun-Fat se retrouve au milieu d’une fusillade alors qu’il a un bébé dans les bras. Imaginez cette séquence étirée sur 90 minutes et vous aurez une bonne idée de la teneur de Shoot ‘Em Up, un film d’action particulièrement explosif et coloré. Le toujours excellent Clive Owen y interprète Mr. Smith, un pro de la gâchette qui se retrouve malgré lui en possession d’un nouveau-né, qu’il doit protéger des attaques continues du vil Hertz (Paul Giamatti, rigolo en contre-emploi) et de ses innombrables sbires. Pourquoi donc ces derniers veulent-ils buter le poupon? On ne vous gâchera pas la surprise, assez tordue merci.

À la genèse du projet, le réalisateur Michael Davis, illustrateur de formation, a décidé de créer une version animée des scènes d’action qu’il avait imaginées afin de convaincre les producteurs de le financer. Le produit final conserve d’ailleurs l’esprit d’un dessin animé: "C’est un peu comme une version violente des Looney Tunes, estime le cinéaste, avec Clive Owen qui mange constamment des carottes et qui dit "What’s up, doc?" comme Bugs Bunny. Quoique l’idée des carottes, au départ, vient de ma mère qui me disait que c’était bon pour les yeux, alors le personnage en mange pour être un meilleur tireur. Et puis c’est une variation amusante des héros qui ont toujours une cigarette au bec."

Shoot ‘Em Up rejette toute considération de plausibilité, l’intention semblant être d’orchestrer les fusillades et les poursuites les plus spectaculaires et invraisemblables qui soient, ce qui n’est pas peu dire quand on sait que le genre est déjà défini par ses excès. On se demande parfois si ce n’est pas même une parodie de film d’action, mais Davis rejette l’idée d’emblée: "Une parodie implique qu’on se moque, mais moi, je veux sincèrement que les spectateurs se laissent emporter par les scènes d’action, aussi rocambolesques soient-elles."

Il peut paraître surprenant de voir Davis, qui a fait ses débuts en tournant des comédies romantiques d’ados comme Eight Days a Week et 100 Girls, aux commandes d’un gros film d’action, mais il est en fait un fan du genre depuis toujours: "En 6e année, raconte-t-il, j’étais un énorme fan de James Bond, et quand Raiders of the Lost Ark est sorti, je me déguisais en Indiana Jones. J’étais un enfant un peu nerd et je n’avais pas confiance en moi, mais quand je regardais ces films, ça me faisait du bien, car je me projetais dans la peau du héros."

En plus d’être violent à souhait, Shoot ‘Em Up possède un contenu sexuel très poussé, ce que Davis associe à son intérêt pour les recherches d’Alfred Kinsey, à qui il voulait consacrer un film avant que Bill Condon ne le devance: "Certains des éléments de mon scénario non produit sur Kinsey se sont retrouvés dans ce film, comme le personnage de Monica Bellucci, une prostituée qui satisfait les hommes qui ont un fétiche pour les femmes qui allaitent."

La présence d’acteurs du calibre de Bellucci, Giamatti et Owen (en plus des Canadiens Stephen McHattie et Daniel Pilon dans des rôles de soutien) est un autre aspect qui démarque le film de ceux de Schwarzenegger ou de Stallone: "Clive Owen, explique Davis, c’est un dur, mais il plaît aussi aux femmes. Juste avec un regard, il en impose, il n’a pas besoin de rien dire. Pour ce qui est de Paul Giamatti, c’est rafraîchissant de le voir dans un rôle de méchant flamboyant, car dernièrement on l’a surtout vu jouer des types réservés, qui ne sont pas sûrs d’eux. Puis pour la putain aux allures de Madone italienne, Monica Bellucci me semblait parfaite."

Le film explore aussi superficiellement la question du contrôle des armes à feu, mais Davis se défend bien de vouloir faire de la politique: "C’est simplement que quand j’écris un script qui s’appelle Shoot ‘Em Up, je veux que tout dans le film supporte ce concept. Donc plutôt que d’en faire une histoire de trafiquants de drogues, ça me semblait plus approprié de faire référence à la place des armes dans notre société."

Prochainement, le cinéaste prévoit continuer dans la même veine, peut-être même en tournant une suite: "J’ai écrit un autre scénario de film d’action qui, si je l’altérais légèrement, pourrait faire un bon Shoot ‘Em Up 2. Mais on va attendre de voir comment celui-ci marche!", conclut Davis.

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