J'ai serré la main du diable : Les ordres
Cinéma

J’ai serré la main du diable : Les ordres

J’ai serré la main du diable, de Roger Spottiswoode, présente le génocide rwandais du point de vue du général Dallaire.

Fin 1993, les Nations Unies sont au Rwanda pour superviser la signature d’un cessez-le-feu entre les Hutus et les Tutsis, en guerre civile depuis 1990. Mais derrière les apparences de conciliation, les tensions continuent de s’intensifier et lorsque, le 6 avril 1994, l’avion présidentiel est abattu, un massacre sans nom s’enclenche.

Non, ceci n’est pas le premier film à traiter du génocide rwandais, mais il se démarque de ses prédécesseurs de plusieurs façons, notamment en collant plus à la réalité. Ceci s’explique probablement par le fait que, outre le documentaire du même nom réalisé par Peter Raymont en 2004, J’ai serré la main du diable est le seul à s’inspirer directement de l’expérience (et du livre) du lieutenant-général Roméo Dallaire qui, comme on le sait, a vécu le drame de l’intérieur. Qui plus est, le film ne s’écarte jamais de son point de vue, évitant les spéculations hasardeuses et, par le fait même, acquérant une grande clarté narrative.

C’est donc toujours à travers les yeux de Dallaire qu’on découvre l’escalade des violences, ainsi que la marasme de la communauté internationale, qui a ignoré de manière outrageuse les signes avant-coureurs que le militaire leur rapportait. Même une fois que des civils par milliers ont commencé à se faire massacrer à coups de machettes dans les rues, Dallaire et son contingent ont reçu l’ordre de ne pas intervenir, leur mandat n’étant que d’agir comme gardiens de la paix. Sauf que quand il n’y a plus de paix à garder…

Dallaire étant de toutes les scènes, si l’acteur en tenant le rôle ne faisait pas le poids, le film s’effondrerait. Pas de danger ici, Roy Dupuis lui ressemble non seulement étonnamment grâce à la moustache et aux tempes grisonnantes, mais il réussit aussi à évoquer puissamment les nuances émotionnelles de cet homme qui, derrière une façade imperturbable, est profondément affecté par les atrocités dont il est témoin.

Derrière la caméra, Roger Spottiswoode se fait discret, laissant toute la place au récit de Dallaire. Le traitement est on ne peut plus classique, mais ceci n’est pas une mauvaise chose. La sobriété de Spottiswoode est de mise, la page d’histoire dépeinte ici étant déjà assez trouble pour faire de J’ai serré la main du diable un film prenant.

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