Festival du Nouveau Cinéma : Claude, Todd, Carole et les autres
Jusqu’au 21 octobre, le Festival du Nouveau Cinéma nous invite à renouer avec nos cinéastes fétiches et à découvrir de nouveaux talents.
PERSEPOLIS, DE MARJANE SATRAPI ET VINCENT PARONNAUD
Portée par un remarquable trio vocal, Chiara Mastroianni, Catherine Deneuve et Danielle Darrieux, cette irrésistible adaptation de la bédé de Marjane Satrapi raconte avec un savant mélange de gravité et de légèreté les tribulations d’une jeune Iranienne rebelle. D’un graphisme simple, voire rudimentaire, mais néanmoins très expressif et d’une belle fluidité, Persepolis saura même plaire aux cinéphiles n’aimant pas l’animation tant le récit s’avère captivant de la première à la dernière image. 11 et 13 oct. (M. Dumais)
DAINIPPONJIN, D’HITOSHI MATSUMOTO
Avec son scénario rocambolesque, son humour absurde et ses scènes d’action débiles, le film d’ouverture de Temps Ø annonce clairement les couleurs de la section "fantasiesque" du FNC. Hitoshi Matsumoto, une superstar comique du Japon que certains comparent à Takeshi Kitano, réalise et tient la vedette de ce curieux film oscillant entre le faux documentaire et une parodie des films de Godzilla et Ultraman. Quelques longueurs se font ressentir, mais la finale est absolument jouissive. 12 et 18 oct. (K. Laforest)
LA FILLE COUPÉE EN DEUX, DE CLAUDE CHABROL
Dans ce drame de moeurs de Claude Chabrol, qui s’est inspiré d’un fait divers du début du 20e siècle, Ludivine Sagnier incarne une ingénue libertine qui s’éprend d’un célèbre écrivain décadent (François Berléand) et d’un capricieux milliardaire déséquilibré (Benoît Magimel). Égal à lui-même, le réalisateur au regard d’entomologiste livre une fascinante étude de la lutte entre la classe bourgeoise et les people. Un film à la fois prude et pervers dont la surprenante finale rappelle Lola Montès. 13 oct. (M. Dumais)
LES PLUS BEAUX YEUX DU MONDE, DE CHARLOTTE LAURIER
Une ancienne ballerine française, qui s’est bâti une vie heureuse au Québec, décide un jour d’abandonner mari et filles pour aller vendre des hot-dogs, baiser un motard, errer dans les bois, aller à New York… Désordonné, fastidieux et affecté, ce premier long métrage de Charlotte Laurier est une autre de ces histoires de femme en crise existentielle qui tournent à vide. Comme actrice, le talent de Laurier est indéniable, mais comme cinéaste, on repassera. 17-18 oct. (K. Laforest)
THE MAN FROM LONDON, DE BÉLA TARR
Libre adaptation d’un roman de Simenon, ce monument de beauté en noir et blanc raconte en une suite de longs plans-séquences, dont la plastique à couper le souffle saisit dès ces premières images montrant un bateau sortant du brouillard, le destin de Maloin, employé dans un port français, qui, après avoir repêché la mallette d’un noyé, apprend d’un inspecteur londonien qu’elle contient de l’argent volé. L’intense Tilda Swinton tient le rôle de la femme de Maloin. 16-17 oct. (M. Dumais)
LA QUESTION HUMAINE, DE CHRISTOPHE KLOTZ
Un psychologue (Mathieu Amalric, troublant) à l’emploi d’une grande firme pétrochimique doit dresser un rapport sur l’état de santé du directeur général. De cette prémisse presque banale naît un récit énigmatique, intrigant, sinueux. La mise en scène, intrépide, plonge le spectateur dans un malaise croissant. Une oeuvre extrêmement forte, qui traite des conséquences de la déshumanisation des sociétés modernes. 15-16 oct. (M. Defoy)
LA VISITE DE LA FANFARE (BIKUR HATIZMORET), D’ERAN KORILIN
Dans cette délicieuse fable sociale, une fanfare égyptienne débarque par accident dans un bled perdu du désert israélien. Misant beaucoup sur les mimiques des acteurs, dont Ronit Elkabetz, surprenante dans un registre comique, et Sasson Gabai, d’une efficace sobriété, les situations cocasses, en partie liées aux problèmes de communication, et les gags visuels, le jeune réalisateur Eran Korilin illustre par une histoire toute simple la rencontre de deux cultures en quête de paix. 16, 17 et 21 oct. (M. Dumais)
LES CHANSONS D’AMOUR, DE CHRISTOPHE HONORÉ
Ce drame sentimental mis en chansons par Alex Beaupain met en scène deux amoureux (Ludivine Sagnier, qui n’a pas progressé vocalement depuis 8 Femmes, et Louis Garrel, clone vocal d’Étienne Daho) et leur maîtresse (Clothilde Hesme), qui constatent tristement que le verbe aimer se conjugue difficilement à trois personnes. Quant à Christophe Honoré, il multiplie les clins d’oeil aux Parapluies de Cherbourg, Jules et Jim, Une femme est une femme, Bande à part, etc. 14-15 oct. (M. Dumais)
SUR LE YANGZI, DE YUNG CHANG
Quand le cinéaste sino-canadien Yung Chang était enfant, son grand-père lui parlait du mythique fleuve Yangzi. Mais lorsqu’il s’y est rendu, il a découvert que le cours d’eau chinois avait été dénaturé par la construction du plus gros barrage au monde, qui a aussi provoqué l’inondation de vastes territoires et l’expropriation de plus d’un million de personnes. Dépeignant le même contexte que le Still Life de Jia Zhang-ke, ce documentaire est toutefois plus humaniste. 14-15 oct. (K. Laforest)
I’M NOT THERE, DE TODD HAYNES
Dans cette expérience cinématographique et musicale fascinante, Todd Haynes (Velvet Goldmine) explore les différentes facettes de Bob Dylan à travers six personnages campés par six acteurs: le jeune prodige Marcus Carl Franklin en gamin qui se prend pour Woody Guthrie, Ben Wishaw en poète rimbaldien, Heath Ledger en star de cinéma, Christian Bale en prêcheur born again Christian, Richard Gere en Billy the Kid, et l’éblouissante Cate Blanchett en rock star androgyne. Un biopic kaléidoscopique pour connaisseurs. 12 et 21 oct. (M. Dumais)
LA CAPTURE, DE CAROLE LAURE
Deux ans après avoir quitté sa banlieue natale pour Montréal, une jeune femme (Catherine de Léan) séquestre son père violent (Laurent Lucas) afin de venger sa mère (Pascale Bussières) et son frère (Thomas Lalonde). Avec ce troisième film, Carole Laure (Les Fils de Marie, CQ2) fait montre de plus d’assurance comme réalisatrice. Si le jeu inégal des acteurs alourdit l’ensemble, de jolies idées de mise en scène donnent à La Capture un souffle onirique et insolite. 15-16 oct. (M. Dumais)
FUGITIVE PIECES, DE JEREMY PODESWA
Dans ce croisement entre The Pianist et un film de Léa Pool, un écrivain (Stephen Dillane) ayant perdu sa famille pendant l’Holocauste, alors qu’il était enfant, demeure tourmenté par la culpabilité des survivants des décennies durant, jusqu’à ce qu’il rencontre la bonne femme. Si les scènes se déroulant pendant et immédiatement après la guerre sont poignantes, surtout grâce à l’extraordinaire performance du jeune Robbie Kay, la portion contemporaine est lassante et un peu trop Canadian. 11-14 oct. (K. Laforest)
CALIFORNIA DREAMIN’ (NESFARSIT), DE CRISTIAN NEMESCU
En 1999, des soldats américains (Armand Assante et Jamie Elman) sont empêchés par le chef de gare (Razvan Vasilescu) d’un petit village roumain de se rendre au Kosovo. S’ensuit une rencontre interculturelle teintée de naïveté et de sarcasme. Cristian Nemescu était en postproduction lorsqu’il est décédé, à 27 ans, dans un accident de voiture avec son ingénieur du son Andrei Toncu. Resté inachevé, son unique long métrage lui a valu le prix Un certain regard. 11, 13 et 19 oct. (M. Dumais)