Hors de prix : Diamants sur canapé
Cinéma

Hors de prix : Diamants sur canapé

Dans Hors de prix, de Pierre Salvadori, Gad Elmaleh et Audrey Tautou jouent les gigolo et gigolette. Propos des trois artistes recueillis à Paris.

Larguée par son riche jules qui pourrait être son grand-père, Irène (Audrey Tautou), croqueuse de diamants professionnelle, se réfugie dans les bras de Jean (Gad Elmaleh), qu’elle prend pour un milliardaire. Constatant qu’il n’est qu’un modeste employé de l’hôtel de Biarritz où elle était de passage, Irène s’enfuie en moins de temps qu’il ne faut pour crier "Cap sur Nice!" Follement épris, Jean se lance à sa poursuite, puis, saigné à blanc par la coquette, il devient alors l’homme-objet de Madeleine (Marie-Christine Adam), une séduisante veuve sexagénaire pour qui l’argent n’est pas un problème. Dès lors, la jolie poule de luxe ne regardera plus le timide jeune homme de la même façon.

Résumée sur papier, la comédie romantique Hors de prix de Pierre Salvadori semble faire l’apologie du matérialisme et l’éloge de l’amour vénal. De quoi faire enrager la plus modérée des féministes… Or, le réalisateur des Apprentis et de Cible émouvante se défend bien d’avoir fait un film noir.

Rencontré au Grand Hôtel de Paris, il avoue cependant que la première fin du film était plus noire: "Par ma nature optimiste, je me voyais davantage proposer des solutions que des problèmes, d’où cette fin. Faire une comédie, c’est déjà croire en quelque chose, en la vitalité, en la force, en la joie, donc, je me sens obligé d’exposer cette idée. Je crois aussi que dans la vie on peut se réinventer, et c’est pour cela que je donne cette chance à mes personnages."

Salvadori poursuit: "Le critique des Cahiers du cinéma Serge Daney disait que les films devraient refléter la possibilité d’être un humain sur terre, c’est-à-dire qu’ils doivent donner une forme de joie et de croyance. Moi, je crois beaucoup à cela sinon, je me tirerais une balle dans la tête. Souvent, les gens qui font des comédies sont assez sombres. Regardez les films de Chaplin; les gens y sont manipulés, fragiles, accablés par leur entourage, mais ils se battent pour arriver à quelque chose."

Parlant de Charlot, avec ses grands yeux bleus et sa grâce de danseur, Gad Elmaleh révèle un je-ne-sais-quoi de chaplinesque dans cette scène d’ouverture où le pauvre Jean fait faire la promenade aux toutous des riches vacancières. Une scène aux accents burlesques qui en dévoile beaucoup sur cet émouvant personnage peu bavard.

"Pierre, qui connaît mon travail sur scène, admet Elmaleh, savait qu’au cinéma, j’aimais approcher mes personnages corporellement, et Hors de prix m’autorisait à le faire. J’adore faire ainsi au cinéma, car il n’y a pas que par les dialogues que le personnage se crée."

GAMINE FATALE

Si son partenaire à l’écran avoue s’être inspiré des Chaplin et Tati, dont il admire la finesse, Audrey Tautou, rencontrée à part, confie ne s’être inspirée de rien pour son personnage: "Je ne suis pas du genre à potasser pour un rôle. Je fais confiance au scénario, au réalisateur, à la direction d’acteurs… En fait, je ne m’inspire de rien, car je n’ai pas envie d’être influencée."

Lorsqu’on lui parle du caractère superficiel, matérialiste et vénal d’Irène, elle rétorque: "C’est marrant, je n’ai pas eu du tout ce sentiment qu’elle pouvait être antipathique à la lecture du scénario. Au départ, elle est très dure, sans scrupules, mais je ne l’ai jamais jugée. En fait, j’aimais son côté léger. Au fond, elle n’est pas du tout mauvaise, elle est volage. J’ai même trouvé qu’elle avait quelque chose d’assez enfantin."

Au cours de l’entrevue, Audrey Tautou comparera le tournage à une coupe de champagne, bien qu’il ait été exigeant. La comparaison sied aussi parfaitement à Hors de prix, qui en présente tout le pétillant et la légèreté. Toutefois, malgré la réalisation vivante de Salvadori et son rythme tambour battant, l’ensemble est grandement redevable au charme fou que dégage l’irrésistible tandem Tautou-Elmaleh.

Les frais de ce voyage ont été payés par UniFrance.

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