Elizabeth: L’âge d’or : Cage dorée
Elizabeth: L’âge d’or s’intéresse aux premières années du règne de la grande souveraine britannique. Portrait d’une femme aimée, mais abonnée à la solitude.
On se sent bien seul au sommet. Parlez-en à Elizabeth 1re. La reine fut adorée de ses sujets, mais dut composer avec une vie sentimentale chagrine. Les prétendants de sang bleu étaient jugés inintéressants. Les candidats intéressants, écartés de par leur rang. Du coup, la bonne souveraine vivait ses "aventures" par procuration, se délectant du batifolage de son entourage.
Elizabeth: L’âge d’or lève le voile sur la sphère intime de la "Reine vierge". Après avoir retracé l’ascension de la souveraine dans Elizabeth, le réalisateur Shekhar Kapur s’intéresse aux premières années de son règne, qui durera de 1558 à 1603.
Si l’ascendant d’Elizabeth est grand, son pouvoir fait des jaloux. Un complot ourdi par sa cousine, Marie, reine d’Écosse (Samantha Morton, sous-employée) est déjoué in extremis. Mais ce n’est pas tout. Le roi Philippe II d’Espagne (Jordi Molla, caricatural) menace d’envahir la Grande-Bretagne à l’aide de son invincible armada.
Malgré tout, on a l’impression que Sa Majesté (Cate Blanchett, très bien) est davantage préoccupée par ses petits tracas personnels. Plus précisément par son amour impossible pour l’explorateur Walter Raleigh (Clive Owen, fringant), qu’elle voit tomber dans les bras de sa dame d’honneur, Bess (Abbie Cornish, blonde).
D’où la question: quelle histoire L’âge d’or raconte-t-il? La petite, celle des aléas quotidiens de la Reine, qui se trouve à l’étroit dans sa cage dorée? Ou la grande, marquée par les affrontements domestiques entre catholiques et protestants, et la guerre avec l’Espagne?
Le scénario n’apporte malheureusement pas de réponse claire. Il oscille plutôt entre ces deux pôles, jouant une partie de ping-pong narratif qui fait un perdant: le spectateur.
Le film cherche aussi son ton tout du long. Badin au départ, il tombe ensuite en mode hyper straight avant de virer franchement pompier. Quoi qu’il en soit, jamais on ne sentira le souffle épique qui aurait fort bien convenu à un tel récit.
Soyons tout de même bon prince et rendons crédit à qui le mérite: la richesse de la direction artistique (costumes somptueux, décors étudiés…) vaudra certainement à Elizabeth: L’âge d’or quelque statuette en mars prochain. Et Clive Owen, qui enfile avec brio un vieux collant loué au musée Errol Flynn, pourrait bien monter dire bonjour à Oscar.
À voir si vous aimez /
Elizabeth, du même réalisateur, l’Histoire passée à la moulinette hollywoodienne, la beauté énigmatique de Cate Blanchett