Festival du Nouveau Cinéma : Le dernier round
Cinéma

Festival du Nouveau Cinéma : Le dernier round

Le Festival du Nouveau Cinéma se poursuit jusqu’au 21 octobre, avec plusieurs autres films à ne pas manquer, ainsi que quelques déceptions.

DAISY DIAMOND, DE SIMON STAHO

Un peu comme Mulholland Dr. ou Screen Test: Karen Elkin, le dernier film du Danois Simon Staho (Bang Bang Orangutang) dépeint la nature cruelle du processus d’audition et du métier d’actrice en général. De plus, Daisy Diamond donne l’impression ambiguë que les scènes que la protagoniste, une jeune mère, joue en audition sont des moments de son passé ou qu’elle y exprime ses propres sentiments malsains sur la maternité. À voir absolument pour la (les?) performance(s) de Noomi Rapace, immensément brave et dérangeante. (18 oct.) (K.L.)

CONTINENTAL, UN FILM SANS FUSIL, DE STÉPHANE LAFLEUR

Émouvant film sur la solitude et la solidarité, ce premier long métrage de Stéphane Lafleur met en scène quatre perdants magnifiques (Gilbert Sicotte, Fanny Mallette, Réal Bossé et Marie-Ginette Guay, qui offrent un jeu d’une formidable retenue) dont les destins s’entrecroiseront brièvement après la mystérieuse disparition d’un homme. Évoquant l’univers des Roy Andersson et Aki Kaurismäki, ce que l’on annonce déjà comme le meilleur film québécois de l’année fait montre d’une maturité étonnante. Du grand cinéma. (18 et 20 oct.) (M.D.)

REDACTED, DE BRIAN DE PALMA

Tout comme son film sur la guerre du Viêt Nam, Casualties of War, la dernière réalisation de Brian De Palma n’est pas tant un récit militaire qu’une oeuvre sur la déshumanisation. Inspiré par le viol et le meurtre d’une adolescente irakienne par des soldats américains, Redacted prend la forme d’une série de vidéos amateurs, de reportages et d’extraits d’un documentaire aux images esthétisantes et à la musique pompeuse (De Palma s’appropriant celle de Barry Lyndon). Peu subtil mais efficace. (20 oct.) (K.L.)

LE RING, D’ANAÏS BARBEAU-LAVALETTE

La ligne est mince entre réalisme brut et misérabilisme mais, dans l’ensemble, cette production de l’INIS tombe dans la première catégorie. Racontant sans fla-fla le quotidien d’un garçon d’Hochelaga-Maisonneuve qui rêve de devenir lutteur professionnel, Le Ring s’apparente à un film des frères Dardenne. Les idées exprimées dans le scénario ne sont pas toujours abouties, mais la mise en scène d’Anaïs Barbeau-Lavalette et le jeu des comédiens (surtout le jeune Maxime Desjardins-Tremblay) sont admirablement naturels. (18 et 21 oct.) (K.L.)

L’ÂGE DES TÉNÈBRES, DE DENYS ARCAND

Voici enfin l’occasion pour le public de voir ce film (dont tout le monde a trop parlé) où Denys Arcand trace un portait grinçant de notre société en pleine désintégration dans un futur pas si lointain. Porté à bout de bras par un Marc Labrèche au sommet de son art, le dernier volet de la trilogie aux titres pompeux tient un propos malheureusement noyé dans une suite de saynètes oniriques et burlesques d’un intérêt inégal. (19 oct.) (M.D.)

ET TOI, T’ES SUR QUI?, DE LOLA DOILLON

La prémisse, deux adolescentes de 15 ans (Christa Theret et Lucie Desclozeaux) décidant de perdre leur virginité avant les vacances, peut faire croire à un American Pie français, mais ce premier long métrage de Lola Doillon (fille du réalisateur de Ponette et ancienne assistante de Cédric Klapisch) n’est ni vulgaire, ni même vraiment une comédie. C’est plutôt un film doux-amer sur la jeunesse, réalisé sobrement, un peu comme L’Esquive ou Zim and co. (19-20 oct.) (K.L.)

ICE CREAM, DE JEAN DEADWOLF LECLERC

Tourné au Viêt Nam avec une petite caméra, quelques amis comédiens et peu de budget, Ice Cream est censément fait selon les règles du "Freedogme", ce qui semble être une façon détournée de dire, en bon québécois, "à la botche". Le résultat est une soupe expérimentale qui, avec ses pastiches insignifiants du cinéma asiatique, ses scènes dramatiques ridicules et son déconnage de cégépien, est franchement pénible. Jean Deadwolf Leclerc (sa signature à l’écran) a au moins le mérite de se planter spectaculairement… Ou peut-être n’avons-nous tout simplement pas compris sa vision, étant, comme il nous accuse, trop "scolaires". (20 oct.) (K.L.)

4 MOIS, 3 SEMAINES, 2 JOURS (4 LUNI, 3 SAPTAMANI SI 2 ZILE), DE CRISTIAN MUNGIU

Enceinte de quelques mois, Gabita (Laura Vasiliu, d’une fraîcheur déconcertante) demande à sa copine Otilia (excellente Anamaria Marinca) de l’aider à se faire avorter. M. Bébé (Vlad Ivanov, inquiétant) viendra à leur rescousse. Premier film roumain à récolter la Palme d’or, ce puissant drame social est raconté dans un style rappelant celui des frères Dardenne. Privilégiant le son direct et les éclairages naturels, Cristian Mungiu signe un film d’une apparente simplicité qui hantera longtemps le spectateur. (Soirée de clôture, en présence de Vlad Ivanov) (M.D.)