Festival de films Cinemania : Le cinéma et rien d'autre
Cinéma

Festival de films Cinemania : Le cinéma et rien d’autre

À la 13e édition du Festival de films Cinemania, Bertrand Tavernier salue le regretté Philippe Noiret. Tête-à-tête avec le réalisateur de Coup de torchon.

Il nous a quittés le 23 novembre 2006. Pour Michel Boujenah, qui lui a donné son dernier rôle dans 3 amis, il s’agit d’un deuil difficile à faire puisque Philippe Noiret, l’homme autant que l’acteur, était si aimé, il devait partager cette douleur avec tant d’autres. Qu’en est-il de Bertrand Tavernier, de qui Noiret est devenu l’acteur fétiche, lui qui l’avait soutenu pour réaliser son premier long métrage, L’Horloger de Saint-Paul, alors qu’aucun producteur n’était intéressé par cette adaptation du roman de Simenon?

"C’est un deuil qui ne finit pas, confie le grand cinéaste, qui offrira une leçon de cinéma le 3 novembre. Je ne sais pas si c’est dur à partager, car c’est quand même aussi un plaisir de parler d’un homme comme ça. C’est un homme qui mérite tous les éloges qu’on peut lui faire, des éloges faits sans langue de bois… mais c’est un deuil qui n’a pas de fin parce que dès que je revois un bout d’un de mes films, immédiatement, les souvenirs reviennent. On sent que c’était un homme, un acteur qui était aimé et estimé pour des qualités qu’il avait et non qu’il exhibait. Tout ce qu’il faisait, c’était vrai."

Ses souvenirs de plateau, Bertrand Tavernier les partagera, sans doute généreusement, avec le public de Cinemania, lorsqu’il présentera trois des cinq oeuvres inoubliables choisies pour saluer Noiret, soit Que la fête commence, avec Jean Rochefort (2 nov.), Coup de torchon, avec Isabelle Huppert (3 nov.), et L’Horloger de Saint-Paul, aussi avec Jean Rochefort (4 nov.). Seront également projetés lors de cet hommage Le Juge et l’assassin, avec Michel Galabru (5 nov.), et, le film que préférait Noiret parmi les huit qu’il a tournés sous la direction de Tavernier, La Vie et rien d’autre, avec Sabine Azéma (6 nov.).

"Philippe était quelqu’un qui avait le respect de son métier et un respect des gens qui le faisaient vivre et du public, se souvient Tavernier qui, au cours de la rencontre, parlera de Philippe Torreton (Capitaine Conan, Ça commence aujourd’hui) et de Jacques Gamblin (Laissez-passer) comme des héritiers spirituels de Noiret. Cela dit, il ne se soumettait pas au public. Il lui est arrivé plusieurs fois dans sa vie de risquer de faire des films. Tous les premiers films qu’on a faits ensemble, c’était des films refusés par l’establishment, et il l’a fait pour d’autres metteurs en scène. C’était quelqu’un qui faisait partie de ces artisans du spectacle qui pensent que le client doit être traité avec respect. Philippe avait cette religion du travail bien fait et du plaisir qu’on y prend. Et sa plus grande politesse, sa plus grande pudeur consistait à essayer de nous faire croire que tout cela était facile."

Lisez la suite des confidences de Bertrand Tavernier sur le blogue de Manon Dumais.

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MORCEAUX CHOISIS

LE SCAPHANDRE ET LE PAPILLON, DE JULIAN SCHNABEL

Prix de la mise en scène à Cannes, ce film adopte en grande partie le point de vue de l’ex-rédacteur en chef d’Elle (excellent Mathieu Amalric), qui, atteint du locked-in syndrome et ne voyant plus que de l’oeil gauche, dicta par battements de paupière son livre, paru en 1997, quelques jours avant sa mort. Si ce choix traduit parfaitement les états d’âme du protagoniste, il se révèle assez lourd et suffocant à la longue. Film d’ouverture présenté les 1er et 2 novembre. (M.D.)

CARTOUCHES GAULOISES, DE MEHDI CHAREF

Film aux résonances autobiographiques, Cartouches gauloises raconte à hauteur d’enfant le dernier printemps de la guerre d’Algérie, alors qu’un jeune Algérien (Ali Hamada) craint que son meilleur ami (Thomas Millet) quitte pour la France, son pays d’origine. À la fois tendre, nostalgique, cruel et violent, ce drame illustre assez efficacement l’humiliation du peuple algérien et le déchirement entre deux pays des harkis et des pieds-noirs. Les 2 et 4 novembre. (M.D.)

PARDONNEZ-MOI, DE MAÏWENN

Dans son premier long métrage, Maïwenn se met en scène dans le rôle d’une actrice qui décide de faire un documentaire sur sa famille dysfonctionnelle pour montrer à l’enfant qu’elle porte d’où il vient. Mêlant fiction et éléments autobiographiques, notamment des images d’archives d’elle-même quand elle était gamine, Maïwenn livre ici un film aussi débraillé qu’exaltant, traversé par des émotions extrêmes et une bonne rasade de rire jaune. Les 2 et 11 novembre. (K.L.)

CEUX QUI RESTENT, D’ANNE LE NY

Un professeur (Vincent Lindon) et une graphiste (Emmanuelle Devos) dont les conjoints respectifs ont le cancer se lient d’amitié alors qu’ils se croisent quotidiennement à l’hôpital pendant les heures de visite. Cette première réalisation d’Anne Le Ny aborde la comédie romantique sous un angle inusité, qui lui procure une sobriété et une gravité inhabituelles. Devos et Lindon, réunis à nouveau après La Moustache, y forment un duo d’acteurs inspirant. En présence de la réalisatrice et de l’actrice, les 3 et 10 novembre. (K.L.)

LA NAISSANCE DES PIEUVRES, DE CELINE SCIAMMA

Dans ce premier film de Céline Sciamma, trois filles de 15 ans passionnées de la nage synchro (Pauline Acquart, Adèle Haenel et Louise Blachère) formeront, à leur corps défendant, un ménage à trois amical. Grâce à une mise en scène sans flafla, Sciamma a su capter les émotions à fleur de peau de ces adolescentes tourmentées. Un joli film d’une grande sincérité qui porte un regard tendre et bienveillant sur cet âge qu’on dit ingrat. Les 3 et 11 novembre. (M.D.)

LE GRAND MEAULNES, DE JEAN-DANIEL VERHAEGHE

Adaptation du seul roman d’Alain-Fournier, mort au champ d’honneur en 1914, Le Grand Meaulnes met en scène un gamin de 15 ans (Jean-Baptiste Maunier, découvert dans Les Choristes) qui se lie d’amitié avec un jeune aventurier fantasque (Nicolas Duvauchelle) épris de la petite-fille d’un châtelain (Jean-Pierre Marielle). Hélas, bien qu’hyper-léchée, la réalisation, plus télévisuelle que cinématographique, s’avère d’un académisme guindé et évacue complètement la dimension onirique et merveilleuse du récit original. Demeure une distribution prestigieuse. Les 5 et 8 novembre. (M.D.)

Du 1er au 11 novembre
Au Cinéma Impérial
www.cinemaniafilmfestival.com