10e Série éducative sur l'Holocauste : Les enfants de la Shoah
Cinéma

10e Série éducative sur l’Holocauste : Les enfants de la Shoah

La 10e Série éducative sur l’Holocauste présente La Maison de Nina au Cinéma du Parc. Rencontre avec son interprète, Agnès Jaoui.

N’eût été de la volonté de la femme de Richard Dembo et du travail de la monteuse Isabelle Devinck, La Maison de Nina (11 nov., à 14 h 30) n’aurait jamais vu le jour, son réalisateur étant décédé en plein montage. Ayant elle-même participé au montage final, l’actrice Agnès Jaoui se rappelle sa rencontre avec Dembo: "La première chose que j’ai dite à Richard, c’est: "Je suis laïque." Il m’a répondu: "Personne n’est parfait." Le sujet lui tenait très à coeur pour beaucoup de raisons, pas seulement parce qu’il était juif, mais parce que ça parlait des orphelins. Il avait connu beaucoup de gens qui étaient passés par ces maisons."

Tourné dans la même maison où Dembo avait réalisé La Diagonale du fou, La Maison de Nina nous transporte de 1944 à 1946 dans la France profonde où des maisons accueillirent des milliers d’enfants revenus des camps de concentration. Elie Wiesel et Georges Perec furent de ces enfants. Malgré la gravité du sujet, l’horreur est évoquée discrètement et le film, pétri d’espoir et du désir de vivre de ces jeunes survivants.

"Le tournage a été particulier, confie Jaoui, et pas seulement parce que je jouais pour la première fois un rôle comme celui de Nina, une femme bonne et entière. Le tournage était aussi gai que le sujet était tragique. Tout le monde m’appelait Nina. Sur le plateau, il y avait des mômes des écoles religieuses, des juifs non religieux et des non-juifs. Il y avait aussi dans l’équipe des musulmans. Il a donc fallu trouver des ententes à cause des pratiques religieuses. En fait, il y a eu un film dans le film, c’est-à-dire qu’il y avait là un très beau sujet à traiter."

Pour se préparer à incarner Nina, Agnès Jaoui a rencontré celle qui inspira le personnage, Niny Cohen, qui a aujourd’hui plus de 80 ans: "Le problème de tout le film a été de ne pas surjouer l’horreur. Niny me disait qu’on ne faisait que rigoler parce que les enfants avaient besoin d’oublier, de vivre, de rire. C’était beaucoup plus euphorique qu’on le pense. Tout n’est pas véridique dans le film puisque, en réalité, les religieux ont été séparés très vite des non-religieux."

À notre époque où l’on parle beaucoup d’accommodements raisonnables, Jaoui conclut: "J’ai trouvé l’expérience très émouvante et très riche, parce qu’avec certains, j’ai discuté du fait d’être religieux ou pas. Je suis férocement laïque et assez inquiète face à l’endoctrinement religieux. Je comprends très bien qu’un peuple qui a failli être exterminé à cause de sa religion veuille la préserver; par contre, je ne suis pas d’accord face à toutes leurs revendications… Il n’y a pas de solution unilatérale."

Seront également présentés Au nom de tous les miens, de Robert Enrico, avec Michael York, Jacques Penot et Brigitte Fossey, d’après le récit autobiographique de Martin Gray, survivant du camp de Treblinka (18 nov., à 14 h 30), et Testimony of the Human Spirit, documentaire où la réalisatrice Sarah Kate Robbins raconte l’Europe du IIIe Reich à travers le destin de six hommes, femmes et enfants (25 nov., à 14 h 30).

Les frais de ce voyage ont été payés par Unifrance.
www.cinemaduparc.com