52e Festival international du film de Valladolid : Enchantement québécois en Castille
Cinéma

52e Festival international du film de Valladolid : Enchantement québécois en Castille

À la 52e édition du Festival international du film de Valladolid, six films canadiens ont ravi les cinéphiles castillans.

Le jury du 52e Festival international du film de Valladolid a craqué. Isabelle au bois dormant, délicieux film d’animation de Claude Cloutier (production ONF), a récolté L’Épi d’Or (Espiga de Oro), grand prix du court métrage. Jouant avec la légendaire Belle enchantée des contes de Perrault, notre auteur en a concocté une version personnelle aussi anachronique que jubilatoire. Très applaudi à Valladolid, nous l’avions vu ici au Festival du Nouveau Cinéma. L’Épi d’Or du long métrage est allé au film espagnol 14 kilomètres de Gerardo Olivares. Autre film primé, Le Blues de l’Orient, coproduction France-Canada de Florence Strauss dont les Montréalais ont eu la primeur lors du dernier FIFA. Présenté dans la section L’Histoire en marche (Tiempo de Historia), il rend hommage aux musiciens et poètes de l’Orient. Dans cette même section, le documentaire du Québécois Paul van den Boom American Psyche a fait salle comble, au grand bonheur de son auteur. Au total, deux récompenses pour nos six films: moyenne honorable. En Sélection officielle, Away From Her de la Torontoise Sarah Polley, fiction sur la tragédie de l’Alzheimer – vue ici au printemps -, a été chaleureusement applaudie. Dans la section Point de rencontre (Punto de Encuentro), Finn’s Girl, long métrage de Laurie Colbert et Dominique Cardona, traite avec sensibilité des difficiles rapports entre une femme et l’enfant de sa compagne décédée. L’incontournable Madame Tutli-Putli des Montréalais Chris Lavis et Maciek Szczerbowski était aussi de la fête.

Éminemment respecté – deuxième en importance après San Sebastian -, le Festival du film de Valladolid est né en 1955 de l’initiative d’un étudiant. Un demi-siècle plus tard, Voir a eu le privilège de rencontrer ce dernier. Homme de loi, septuagénaire affable et disert, Luis-Gonzalo Huerta se réjouit. Son idée de jeunesse a bien mûri. Il nous confie: "J’étais étudiant, grand amateur de cinéma. Pourquoi ne pas s’inspirer de notre Festival religieux annuel de la Passion de Jésus et marier l’art à la religion, me suis-je dit." Le concept a séduit et évolué vers sa forme actuelle, "un Festival Boutique", selon la jolie formule d’une collègue mexicaine. Alliant choix pointus et oeuvres plus accessibles, il sert de rampe de lancement et de terrain de prospection aux distributeurs espagnols. Point de chasse à la vedette ici, quoique l’Hommage du Festival à Alberto Grimaldi, producteur italien des Pasolini, Fellini, Sergio Leone et autres grands, nous ait valu en clôture l’aimable présence de Sofia Loren qui lui a remis un Épi d’Or.

Le Teatro Calderon, édifice du 19e siècle qui accueille les présentations de la Sélection officielle, est l’un des innombrables bonheurs architecturaux qu’offre au promeneur cette ville chargée d’histoire. Capitale de l’Espagne au 16e siècle, cité des rois, de palais en églises, gothique, baroque, Valladolid, capitale de Castille et de Leon nous est contée. C’est en ses murs que Christophe Colomb est passé de vie à trépas en l’an 1506; que Cervantes a écrit et publié en 1605 la première partie de Don Quichotte de la Manche. C’est ici que se déroule, depuis 52 ans, l’un des plus sérieux festivals du film d’Europe.

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