Lars and the Real Girl : Call me poupée
Dans Lars and the Real Girl, de Craig Gillespie, un homme vit le grand amour avec une poupée.
Les poupées pour adultes ont beaucoup évolué depuis l’époque des mannequins gonflables. Les messieurs solitaires en manque d’affection, s’ils ont quelques milliers de dollars à leur disposition, peuvent maintenant se procurer des répliques grandeur nature de femmes minutieusement moulées en silicone. Ces dernières peuvent sembler n’être que de sordides jouets sexuels, mais elles deviennent de véritables compagnes de vie pour certains individus, qui vont jusqu’à les présenter à leur entourage comme si elles étaient de vraies personnes.
L’idée d’un homme amoureux d’une poupée fait sourire, mais quand on s’arrête pour réfléchir à l’état d’esprit désespéré dans lequel quelqu’un doit être pour en arriver là, c’est surtout franchement pathétique. C’est sous cet angle tragicomique que se décline l’histoire de Lars (Ryan Gosling), un inadapté social de 27 ans terrifié par toute forme d’intimité et de contact humain. Il passe ses journées à travailler dans un bureau où il s’efforce de ne pas se faire remarquer, puis il s’empresse d’aller se terrer dans son petit appartement, situé dans le garage adjacent à la maison de son frère (Paul Schneider) et de sa belle-soeur (Emily Mortimer). Ces derniers s’inquiètent de le voir toujours isolé, et leurs tracas ne se dissipent pas lorsqu’il leur présente Bianca, sa petite amie en plastique. Les proches de Lars songent alors à le faire interner, mais leur médecin de famille (Patricia Clarkson) leur recommande plutôt d’accommoder la fabulation du jeune homme jusqu’à ce qu’il en réchappe.
La prémisse du film, loufoque d’emblée, devient carrément ridicule quand c’est soudain toute la communauté où vit Lars qui se met à prétendre que sa poupée est une vraie femme. Dans Edward Scissorhands, les habitants d’une petite ville devaient similairement intégrer un être singulier dans leurs vies, mais l’ensemble de l’univers du film de Tim Burton avait un caractère fantastique, alors que Lars and the Real Girl prétend au réalisme, ce qui rend les extravagances du scénario plus difficiles à accepter.
Reste que la scénariste Nancy Oliver (Six Feet Under) et le réalisateur Craig Gillespie (Mr. Woodcock) font preuve de beaucoup de sensibilité dans le traitement, refusant de se moquer de leur protagoniste. De même, Ryan Gosling est admirablement dévoué au rôle, parvenant à rendre attachant un personnage qui aurait facilement pu être rebutant.
À voir si vous aimez /
Guys and Dolls de Nick Holt, Punch-Drunk Love de Paul Thomas Anderson, Edward Scissorhands de Tim Burton