Quatre personnages, projectiles humains dont on suit la trajectoire au ralenti, dans le décor bétonné d’une banlieue nimbée de lumières industrielles. Continental, un film sans fusil (de Stéphane Lafleur) donne dans la fine étude balistique des destins ordinaires. Plans photographiques d’une époustouflante perfection, jeu économe, humour à doses homéopathiques qui glisse doucement vers l’absurde, personnages qui se laissent deviner, ne se révélant qu’au compte-gouttes; ce patchwork cousu main distille le mal de vivre avec empathie et grâce. Un film beau, duquel émane une étrange tendresse, mais tout aussi dur et cruel que son personnage principal: notre solitude.